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62                     TRAITRE OU HÉROS?

temps caché les misères du proscrit et qu'il ne devait plus
revoir. Ils y laissaient le silence de la mort.
   Ephisio marchait le premier, guidant à travers les difficiles
sentiers de la montagne celui dont il était devenu la chose,
comme le vaincu des temps antiques devenait celle de son
vainqueur.
   Le lendemain au soir, il eurent atteint la plage de Terra-
Nova. Ils purent rejoindre de là un legno de commerce sur
lequel ils trouvèrent à s'embarquer sans avoir à se faire
connaître, et, avant la fin de la semaine, ils débarquaient à
la péninsule de Sainle-Elie, d'où ils gagnèrent Cagliari à
pied.
   Les deux mois de congé d'Ulloa étaient expirés de la
veille, quand il se présenta au matin chez son colonel, revêtu
encore de son habit de pèlerin et suivi de son prisonnier.
   Le colonel ne le reconnut point d'abord, et Salvador eut
besoin de se nommer.
   En entendant son nom, l'officier, plus que surpris, se
récria et ne put en croire ses yeux : il ne l'attendait plus.
  — « Mon colonel, dit Ulloa, je m'étais engagé à ne me
représenter devant vous qu'accompagné d'EphisioMalipierri.
   — « Eh ! bien, interrompit le colonel.
  — « Le voici, dit froidement Ephisio.
  —• « Et où est l'escorte qui a amené le prisonnier ?
   — « Il n'en a pas eu d'autre que moi, mon colonel ;
seul je l'avais pris, seul je l'ai gardé.
   — « Et tu l'as amené libre !... s'écria le colonel, recon-
naissant qu'Ephisio n'était chargé d'aucun lien.
   — « J'avais sa parole, mon colonel.
* — « Et lu l'as tenue, toi ! exclama l'officier, en se re-
tournant vivement du côté du prisonnier,
     — « Et si je ne l'avais pas tenue, qu'aurait pensé de moi