Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
[ Revenir aux résultats de la recherche ]
page suivante »
                 HÔTEL DE LUXEMBOURG, A. VAISÈ.                    31

    Le milieu de la façade de ce petit bâtiment est orné d'un
 balcon, sur lequel on aperçoit la silhouette d'un bourg, recevant
 les rayons du soleil. Ce rébus qui signifie lux in burgum,
 Luxembourg, était le nom de cet hôtel, dont je, vais rappeler les
 souvenirs, depuis longtemps oubliés. Il avait servi de lieu de
 réunion et d'exercice à la compagnie des chevaliers tireurs de
 l'arquebuse, qui prenait le titre de compagnie de Luxembourg.
 Avant d'entrer dans des détails relatifs audit hôtel et à ses
 habitants, je vais donner un aperçu général sur l'institution des
 chevaliers tireurs, et je prie mes lecteurs de me pardonner si je
 remonte presque au déluge.
    L'art de tuer de loin, pour la guerre ou là chasse, date de
l'antiquité la plus reculée. La fronde et l'arc sont les premières
 armes à projectiles que les hommes inventèrent, nous voyons
 qu'Ismaël, dans le désert, lorsqu'il devint grand, s'arma d'un arc :
Crevit in solitudine factusque est juvenis sagittarius (Gènes., xxi,
20.) La fronde, qui est un moyen de défense et d'attaque beau-
coup plus simple, a dû précéder nécessairement l'invention de
l'arc, et le fait d'Ismaël prouve que déjà, à son époque, la civili-
sation avait pénétré dans le désert. Il fallait que son arc eût
acquis un assez grand degré de perfection pour le défendre
contre les bêtes féroces et lui procurer un moyen de subsistance.
De progrès en progrès, nous en sommes arrivés jusqu'aux cara-
bines de précision et aux canons rayés ; mais ce n'est pas le
dernier mot de l'art de tuer. On parle de boulets et de bombes
qui, par leur explosion, détruisent les murailles, brûlent les
maisons, asphyxient et empoisonnent sans distinction les hommes
et les bêtes. Tout cela n'est rien, et Dieu sait ce que, dans une
cinquantaine d'années, la science aura inventé pour le bonheur
de l'humanité et sa destruction en grand ! Ce sera peut-être le
moyen d'équilibrer le nombre des naissances et des décès, et
par conséquent de résoudre un des plus redoutables problèmes
de l'économie politique.
   Le mot anus vient, selon Pompeius Festus, du verbe arcere,
id est continere : en effet les flèches tenaient à distance les enne-
mis ; et le verbe arcere tirait son origine d'une magistrature