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496 MACAULAY. d'ampleur, il chercha pour elles un théâtre plus vaste. Il aborda résolument dans ses seconds Essais l'histoire moderne, surtout celle de l'Angleterre, dont il entreprit d'expliquer la suite et la portée. Il avait assurément tout ce qu'il fallait pour une telle entre- prise : une forte préparation classique, la science acquise par un travail facile , mais infatigable, la curiosité qui s'attache à tout, la sagacité qui sait distinguer les choses essentielles et les mettre dans leur vraie lumière ; il avait même l'excès de qualités à la fois utiles et dangereuses, l'enthousiasme un peu aveugle pour son pays et ses institutions, l'ardeur un peu injuste du néophyte politique , car il avait embrassé avec la vivacité ordinaire de ses impressions les opinions des wliigs en même temps qu'il avait accepté leur patronage. Ses Essais, grâce à leurs nombreux mé- rites , et pourquoi ne pas le dire aussi, à quelques utiles dé- fauts, furent appelés à un grand succès; ils faisaient juger, ils faisaient comprendre l'histoire nationale au point de vue des préoccupations et même des passions du jour; ils tiraient en quelque sorte la quintessence d'ouvrages graves et volumineux , dont l'intérêt était puissant, mais dont la lecture ne pouvait de- venir populaire, même parmi les lecteurs éclairés ;" ils répon- daient à la curiosité des hommes instruits, et aussi à ce besoin général que nous éprouvons de savoir quelque chose sans beau- coup apprendre. Ils donnaient surtout une forme sensible et sai- sissante à ces idées, nécessairement incomplètes et vagues, que nous avons tous de notre passé, quand nous n'en avons pu faire, et c'est le cas le plus commun, une étude approfondie. Nous som- mes tous poursuivis par la mémoire , et je dirai par l'ombre du passé, même lorsque nos préoccupations paraissent le plus en- fermées dans le cercle de l'heure présente ; mais ce passé , qui tient à nous par tant de liens indissolubles, est presque toujours comme une ombre inanimée. Combien ils sont rares ceux qui sa- vent de temps à autre lui rendre le souffle et la vie ? Dans cette partie de ces écrits, Macaulay a déployé un immense talent, et il a eu un immense succès. Je ne parle pas de ce suc- cès qui l'a conduit au parlement, puis au ministère ; je parle du