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                               MACAULAY.                               493
   Les Revues anglaises ont eu le mérite de créer un genre de
littérature éminemment approprié à notre époque, et ouvrant
 aux esprits ingénieux ou brillants une facile carrière. On doit
signaler ce rôle des Revues comme ayant été particulièrement
utile en Angleterre, où le journal, plus ou moins absorbé par les
nouvelles et les intérêts du jour, est demeuré assez étranger à la
littérature. Quelle que soit d'ailleurs la place faite aux lettres par
la presse journalière, et je suis loin de méconnaître sa valeur et
sa puissance comme moyen de communication pour les choses
de l'esprit, qui ne sait qu'elle a ses caprices, ses préférences et
ses dédains, ses partis pris pour ou contre les opinions et pour
ou contre les hommes ; qu'elle reflète toute la mobilité de nos
impressions, et de nos impressions les plus passagères. La Revue
a quelques-uns des avantages du journal ; elle n'est pas soumise
d'une manière aussi fatale à ses entraînements.
   Pourtant le genre de l'Essai, qui n'est qu'un intermédiaire en-
tre l'article et le livre, a aussi ses difficultés et ses périls. Il tient
de l'un et de l'autre, et sort souvent des limites du premier, sans
atteindre pour cela l'objet du second. Il ne se borne pas a l'ana-
lyse et à la critique des travaux importants, mais entreprend au
besoin de les refaire, et comme il jouit à cet égard de la plus
grande liberté, il en use quelquefois jusqu'à l'abus. Est-il un sys-
tème plus faux que celui de ces prétendus Essais devenus malheu-
reusement si communs aujourd'hui , qui ne sont ni de la critique
ni de l'art, mais un mélange indéfinissable de l'un et de l'autre,
et nous font trop oublier que la critique et l'art, quelque voisins
qu'on les suppose, ont des domaines distincts ?
   Le jeune et brillant écrivain , un peu emporté par la fougue
de son talent que tempérait pourtant la solidité de ses études
universitaires, n'a pas toujours su éviter ces écueils. Il avait d'ail-
leurs la conception trop vaste et la trempe d'esprit trop forte
pour ne pas se sentir à l'étroit dans les bornes ordinaires d'un
article de revue, quelque facilité qu'il eût pour les déplacer et
les élargir. Il ne tarda pas à sortir du domaine de la critique
pure. Quoiqu'il y eût déjà eonquis un haut rang par toutes les
qualités qu'il devait déployer plus tard avec plus de maturité et