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48()                    ÉLOGE HISTORIQUE

réparer a son égard l'injustice des hommes. Il était trop
tard pour reprendre une carrière brisée et empêcher que
le monde officiel, privé de son concours glorieux, pût dire
à son sujet, non sans amertume :
        Rien ne manque à sa gloire, i! manquait à la nôtre.

    Non, la journée du 4 février 1860 n'a rien changé à
l'illustration de notre confrère, elle a plutôt servi de point
de départ à sa renommée, elle a permis d'inventorier les
richesses de sa veine et de ses incessants labeurs, de
raconter les succès et les services du magistrat, calomnié
par les cabales de la concurrence et de l'ambition , de
dérouler quelques pages de estte Fie judiciaire, si acca-
blante pour ses persécuteurs, et qu'il a eu la générosité
 d'omettre toujours dans la nomenclature de ses œuvres, en
 signe de pardon a ses ennemis. Après s'être justifié, parce
qu'on l'avait traité comme un coupable, il a gardé quatorze
ans, sans plus se plaindre, celte blessure toujours saignante
 dans le fond de son cœur. Retiré du monde, il voulait bannir
h jamais le souvenir de ses déceptions, de ses promesses et
 de ses haines, et circonscrire le resie de ses jours dans ces
frais vallons de Cessy, propices a l'inspiration et au per-
fectionnement esthétique, en présence des beautés de la
nature, si frappantes dans les sites du pays de Gex.
        Rura mihi et rigui placcant in vallibus amnes,
        Flumina amem sylvasquc inglorius. 0 ubi campi
        Sperchiusque et virginibus bacchata lacamis
        Taygcte ! 0 quis me gelidis in vallibus Userai
        Sistat et ingenti ramorum protegat umbrà.
                                     (Virg., Georg., lib. it, v. 485-9.)

             Oh ! qu'ils viennent dans ces contrées,
        Ceux que l'ambition dévore sourdement,
        Pont la soif des honneurs fait le secret tourment ;
        Qu'ils viennent : de ces monts les brises éthérées