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384 MATTHIEU BONAFOUS. Le jeune Prieslley descendant d'un savant anglais, ne pou- vait entrer dans une école spéciale a Paris , n'ayant obtenu qu'une demi-bourse a la Société d'encouragement ; Matthieu Bonafous offrit généreusement de payer l'autre moitié, a la seule condition que si jamais il devenait riche, Prieslley agi- rait de même à l'égard d'un autre. — Ce jeune Anglais qu'il appelait son enfant, devint en effet professeur a l'École des arts et métiers, et accomplit religieusement sa promesse. Un jour, le petit-fils d'un de ses amis, membre de l'Institut, exprimait le regret de ne pouvoir acheter une collection faisant partie de la bibliothèque de son grand père , et qu'on allait vendre ; Matthieu Bonafous s'empressa, sans mot dire, d'en faire l'acquisition, même pour une somme assez considérable, et en fit présent à son jeune ami. Jamais une question de chiffre n'arrêtait ses élans géné- reux — En présence d'une bonne action il oubliait tout calcul. C'est qu'il possédait une de ces philanthropies rares et éclairées, qui ne savent reculer devant aucun sacrifice pour s'adonner à l'utile passion du bien. Dans le budget de ses dépenses, il existait un chapitre pour les aumônes, qu'il savait distribuer chaque semaine, avec cette délicatesse modeste qui double le prix des bien- faits. Bon et simple avec ses inférieurs, il accorda souvent des pensions aux veuves de ses employés, et fit élever leurs enfants au collège de Chambéry. 11 prit également soin de ceux d'un maître de poste — il se créa parfois du travail a soi-même pour employer les nécessiteux, et fit transporter souvent par ses messageries des malheureux et des militaires blessés. Nous pourrions multiplier les exemples ; que nous appren- draient-ils de plus?