page suivante »
TRAl'HSE 00 HÉROS? '' 323
ne s'arrêtent jamais dans l'intérieur, mais aux avenues et
dans lesfaubourgs. Ils font halte de préférence dans les vil-
lages, où l'hospitalité la plus sympathique leur est assurée et.
où ils trouvent le facile débit des chapelets, des médailles el
des anneaux bénits dont ils sont porteurs; à ces objets ils joi-
gnent fréquemment, des graines potagères ou des plantes
rares qu'ils prétendent apportées de l'étranger et dont ils
payent, en les distribuant gratis, les attentions particulières
dont ils peuvent avoir été l'objet de la part de leurs hôtes.
Tous, en général, possèdent, en outre, ou affectent de possé-
der une certaine connaissance des plantes ; ils ont toujours Ã
leur service quelques fleurs ou racines douées, selon eux, de
vertus merveilleuses el qu'eux seuls savent connaître el cueillir
dans les montagnes. Quelques uns, enfin, sont porteurs d'un
instrumenta cordes, fort commun dans les îles de l'archipel
grec ; c'est une espèce de lyre de forme antique el dont ils
louchent avec un archet. Elle doit avoir cinq cordes; mais
elle n'en a fréquemment que deux ou trois. Je rencontrai un
jour un de ces pèlerins ; c'était dans un village, à la porte
de l'église ; il était assis à terre, les jambes croisées à la ma-
nière arabe, sous un gigantesque palmier dont je vois encore la
tête se balancer dans les airs. Il accompagnait des sons assez
peu harmonieux de l'instrument que je viens de décrire , les
litanies de la Vierge chantées en chœur par le nombreux audi-
toire d'hpmmes, de'femmes et d'enfants forméautour de lui.
Cette façon de lyre on cithare, était familière à Salvador.'
Il en possédait une et en sonnait avec agrément, pour me
servir de l'expression italienne. Il put donc en compléter
son costume de pèlerin. Ainsi transformé el pourvu du fonds
commercial ordinaire de son nouvel et pieux état, consistant
surtout en clmpelels el en médailles, d'une boîte d'herboriste
el d'un petit assortiment de graines, il vint prendre passade
à Bonifacio sur une barque de pécheurs et rentra en Sardaï-
gne parLongo Sardo, h l'abri du passeport dont il avait eu
soin de se munir, comme nous l'avons vu, et sur lequel figu-
rait un nom supposé. °
Il passa trois ou quatre jours à errer dans les campagnes
et à y recueillir les renseignements qui devaient le guider dans
le vaste labyrinthe de cimes abruptes, de vallées et de forêts
qui servait de retraite à celui qu'il désirait joindre. Sur enfin
de la montagne que fréquentait le plus ordinairement Ephisio'
il s y enfonça résolument. H. FERRAKD. '
{,La suite prochainement).