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 242                    ÉLOGE HISTORIQUE

 quicoiique voulait y pénétrer. II passa la plusieurs heures
 de suite a regarder mélancoliquement les résultats de la
  tempête populaire, ces portes brisées, ces glaces de Venise
  labourées avec la baïonnette, ces fleurs de lis arrachées ou
  salies, ces tableaux percés de balles, ce trône enfin si triste
 à voir dans sa majesté profanée, souillé de larges taches d'un
  sang noir répandu sur son coussin de velours rouge, toute
 cette royauté enfin gisant misérablement à terre , elle qui ,
  quelques jours encore auparavant, semblait délier la tempête
  (Fie judiciaire, p. 42-3). »
     Les hommes eurent leur tour dans cette étude contem-
  poraine, et le salon du général Lafayette, qui protégeait alors
  la situation de toute sa popularité, s'ouvrit devant le jeune
  magistrat et lui offrit la réunion de tout ce qui était resté a
 Paris de gens éminents, dans toutes les classes de la Société.
 Le prince de Talleyrand, a la veille de partir pour l'ambas-
  sade de Londres, était au nombre des invités et s'entretint
 assez longuement avec le commandant général des gardes
 nationales de France.
     Le Palais-Royal, résidence alors du Roi élu, devait aussi
 admettre notre confrère dans son enceinte rayonnante et
 l'éblouir un instant au prisme fallacieux de ses faveurs éphé-
 mères pour lui. M. Servan venait de publier l'Eloge histori-
 que du duc de La Rochefoucauld-Liancourt : « 11 ne voulut
point sortir de Paris, sans offrir au nouveau chef de l'État
 un exemplaire de œuvre. Présenté à l'audience royale
 par le fils du défunt, le marquis de La Rochefoucauld, dé-
 puté du Cher, l'accueil fait au jeune magistrat eut de quoi
 flatter son amour-propre. En prenant de ses mains l'ouvrage
en question, Louis-Philippe le félicita « d'avoir vécu dans
l'intimité d'un homme qu'on pouvait, h juste titre, nommer
un grand citoyen, et qui avait été l'ami de sa jeunesse, de
son âge mûr, de toute sa vie. » M. Servan répondit qu'il