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224                      TRAITRE OU HÉROS.

C'est là qu'ils ont de temps à autre les prières d'un ermite,
et parfois même la messe de quelque pieux et hardi mission-
naire. Ce sont là les sanctuaires où ils aiment à suspendre
leurs pauvres offrandes à la Madone, aux saints protecteurs
de l'île ou à ceux dont ils portent le nom et dont ils honorent
le patronage par une dévotion toute filiale. Ils ne manquent
point, quand cela leur est possible, d'y fêler à leur manière
les solennités de l'Église. Leur habitude, en cela, est de
chanter, ou tout au moins de réciter à haute voix tout ce que
leur mémoire leur fournitde prières propres à ces solennités.
   Les montagnes qu'habitent les bandits sont fréquentées par
despâtres nomadesqui y montent chaque été pour en descendre
chaque hiver avec d'innombrables troupeaux qu'ils ramènent
sur les confins des plaines ou dans le voisinage de la mer.
Ces pâtres forment en Sardaigne une nation à part, jalouse
de son indépendance, et que ses mœurs à la fois pastorales
et guerrières distinguent essentiellement des habitants des
plaines. Une confraternité rarement trahie préside aux rap-
ports qui s'établissent entre eux et les bandits, et, tant que du-
rent les beaux jours, la chair rôtie des chevreaux, des agneaux
et des moutons qu'ils leur vendent forment, avec le gibier
qu'ils se procurent eux-mêmes, la nourriture de ces derniers.
   Celle vie, à première vue, peut ne pas paraître sans quel-
que charme, ou tout au moins sans quelque poésie.
   Mais hélas !
          En toute chose il faut considérer la fin,

et la fin du bandit est habituellement peu propre à faire
envier le sort qu'il s'est choisi.
   Condamnés à vivre dans des lieux stériles, dès qu'avec
l'hiver, vient le temps où la chasse ne peut plus suffire à leurs
besoins, les bandits en arrivent presque toujours forcément
à avoir recours au pillage. Leur usage alors, est de rançonner
les villages ou les particuliers. Ils leur font parvenir, à cet