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220                    TRAITRE OU HÉROS.

son Histoire des Francs, à l'imperfection de l'ordre là où
l'ordre politique moderne n'a pu s'établir encore qu'impar-
faitement; là, en un mot, où il n'y a pas encore justice,
mais vengeance ; pas punition, mais guerre. Au reste, il
n'est pas un peuple chez lequel l'ordre légal n'ait été précédé
par ce système sanglant du droit de la vengeance et de la
guerre des familles, que nous désignons aujourd'hui par ce
mot de vendetta.
   On le retrouve même écrit dans ce qui nous reste des
vieilles coutumes romaines, dans les jugements des Lois des
XII tables. « Autrefois, dit Aulu-Gelle, quand un coupable
était adjugé à plusieurs de ses adversaires, ceux-ci avaient
le droit de le couper en morceau et d'en prendre chacun
une pari. » (L. XX, c. 1). « Si un homme tue son ennemi,
dit la loi salique, et plante la tôle du mort sur un poteau,
celui qui arrachera ce trophée paiera une amende. » La
possession du cadavre de l'ennemi n'était donc pas seulement
un objet d'envie, elle constituait un droit.
   M. Charles Didier a retrouvé celle législation, mais consi-
dérablement perfectionnée dans le sens barbare, chez les
Adendoas, grande tribu arabe qui, passant la mer Rouge,
il y a plusieurs siècles, esl venue s'établir dans l'ancienne
région des Troglodytes et les y fait revivre» Les Adendoas
sont mahométants, et avec la religion de la mère-patrie, ils
en ont conservé les usages, et notamment le fhar, celte loi
du sang qui est le droil commun de tous les Arabes. Voici
ce que nous rapporte à ce sujet M. Charles Didier dans son
intéressant Journal du Désert : « Le meurtrier (chez les
« Adendoas) (ombe-t-il entre les mains des parents de la vie—
 « lime, ils le couchent, le garoltent sur un angoreb, et, tandis
 « qu'ils l'entourent en célébrant leur capture par un festin
 « de réjouissance, on coupe la gorge au patient de manière
 « que son sang coule goutte à goutte jusqu'à la dernière,