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RÉGIT
DE
LA MORT DE JEANNE D'ARC,
FRAGMENT D ' C N POÈME DRAMATIQUE
ISAMBART DE LA PIERRE,
Lu à la séance publique de l'Académie de Lyon, par M. GUNET.
Quand Jeanne eut en pleurant reçu la sainte hostie,
De l'heure du départ elle fut avertie.
Le funèbre cortège arrive dans la cour
Et le char fait trembler les barreaux de la tour.
Une vague rumeur de la foule s'élève,
Semblable au bruit des flots se brisant sur la grève.
Le geôlier sous sa main fait crier les verroux
Et gémir, en l'ouvrant, la porte aux noirs écroux.
Un garde donne à Jeanne une longue tunique ;
Se retirant alors, avec un soin pudique,
Au fond du noir cachot, elle prit chastement
Cette robe de lin, son dernier vêtement.
Elle n'acheva pas la funèbre toilette :
Les valets du bourreau la rendirent complète.
Ses bras, près des deux mains, l'un sur l'autre placés,
Sont par des nœuds d'airain fortement enlacés ;
Deux anneaux, réunis par une courte chaîne,
Sont rivés à ses pieds, qui marchent avec peine.
Leur cruauté mêlant l'ironie à l'affront,
D'une mitre infamante ils couronnent son front,
D'une mître, où parmi des démons en délire
Et des serpents hideux, tous les yeux pouvaient lire
Les noms de ces forfaits qu'elle n'a pas commis
il*