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400 QUERELLE DES ANCIENS
y furent assez avancées; l'école d'Alexandrie surtout leur im-
prima une dernière et puissante impulsion ; et vraiment ons'é-
tonne que les anciens aient pu faire d'aussi grands progrès
dans les mathématiques, quand on songe qu'ils n'avaient a
leur disposition que des moyens fort imparfaits : quoi de
plus défectueux et de plus embarrassant que leur système de
numération? Ils n'avaient pour signes, en Grèce comme Ã
Rome, que les lettres de leur alphabet; les Grecs même
avaient dû intercaler dans le leur trois signes particuliers
(l'épisemon, le koppa et le sampi, valant 6, 90 et 900) et
étaient obligés de charger chaque lettre d'accents ou d'iotas
souscrits pour arriver jusqu'Ã un million : a partir de ce
nombre, le mode d'énumération n'était plus identique et
souvent même il fallait recourir h des adjectifs. La décou-
verte des chiffres arabes a marqué une ère nouvelle pour
l'arithmétique (7) ; qu'on se figure aujourd'hui quel serait
l'embarras de nos mathématiciens si, pour leurs calculs, ils
n'avaient, au lieu de ces chiffres arabes, que les lettres de
l'alphabet français surchagées de points et d'accents et ne
pouvant, malgré tout cela, servir pour les nombres consi-
dérables dont ils ont besoin; et pourtant, dans l'antiquité,
toutes les branches des sciences -mathématiques ont eu
d'illustres représentants.
Archytas de Tarente lut, après Pythagore, un des plus
(T) « C'est de l'Inde que nous vient l'ingénieuse méthode d'exprimer tous
les nombres avec dix caractères, en leur donnant à la fois une valeur absolue
et une valeur de position : Idée fine et importante, qui nous paraît mainte-
nant si simple que nous en sentons à peine le mérite. Mais celle simplicité
même et l'extrême facilité qui en résulte pour tous les calculs, placent notre
système d'arithmétique au premier rang des inventions utiles ; et l'on ap-
préciera la difficulté d'y parvenir si l'on considère qu'il a échappé au génie
d'Archimèdc et d'Apollonius, deux des plus grands hommes dont l'antiquité
s'honore » (Laplace, Système du monde, 1. S. c. 1).