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54 DE L'ARCHITECTURE RELIGIEUSE emprisonné, allait pouvoir se donner carrière dans un monu- ment vraiment digne de ce nom, et se révéler, d'une manière aussi brillante qu'inattendue, dans la ravissante église de Saint-Georges. Il est de ces œuvres hors ligne qui, pour être mises en lumière sous leur jour véritable, ne demandent que des ap- préciations raisonnées : aussi sentons-nous notre insuffisance en présence d'une semblable tâche; nous craignons de tom- ber dans ces stériles et emphatiques descriptions auxquelles on se laisse aller si souvent dans la plupart des comptes rendus sur nos monuments religieux. Telle qu'elle nous apparaît aujourd'hui, et bien que le plan en ait été dressé il y a plus de quinze ans, l'église de Saint- Georges peut supporter encore, sans le redouter, l'examen critique le plus sévère de la part de nos érudits; ce n'est point la une de ces trop nombreuses productions gothiques dans toute l'acception du mot ; assemblage hybride et dé- sordonné des formes ogivales, où l'on ne peut reconnaître l'empreinte véritable d'un style nettement déterminé. Quoique les études sur le moyen-âge aient eu le temps depuis cette époque de faire quelque progrès, nous n'hési- tons pas à déclarer hautement et sans vouloir rabaisser le mérite de personne, que l'on ne nous a pas encore habitués a une telle vérité archéologique et a une telle élégance de composition. C'est incontestablement ce que l'École moderne du style ogival nous a légué, jusqu'à ce jour, de plus remar quable dans notre ville. On dirait que l'art si capricieux du XVe siècle est venu poser tout entier devant l'architecte, et que celui-ci n'a eu qu'à le dessiner sur nature avec ses mille détails et ses mille fantaisies. M. Bossan a fait plus, d'ailleurs, que de reproduire sim- plement le caractère d'une des périodes de Fart ogival ; on