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46 DE L,'ARCHITECTURE RELIGIEUSE rancunes artistiques et que l'on en arrive de prime abord, à exprimer avec une vérité saisissante ce que l'on a si long- temps méprisé ou méconnu. Les jeunes imaginations devaient s'ouvrir plus facilement aux effluves d'un art si poétique; leurs éludes d'ailleurs moins exclusivement imbues du grec et du romain classiques que celles de leurs devanciers, pouvaient les diriger plus libre- ment vers un tout autre ordre d'idées. Aussi bien, est-ce en grande partie à des adeptes de la jeune école que nous devons les plus brillantes et les plus suaves interprétations du style de nos cathédrales. Nous nous rappelons encore avec quelle sollicitude affec- tueuse on s'enquérait des noms des artistes qui vinrent les premiers nous initier, par leurs oeuvres, à toutes les beau- tés de l'art religieux, et avec quelle satisfaction marquée, avec quel noble orgueil on saluait alors ces premières inspirations. Le moindre projet de construction dans le goût des idées nouvelles, trouvait partout l'accueil le plus empressé, le plus sympathique ; chaque restauration exécutée à quelques unes de nos vieilles églises , excitait l'intérêt général ; on com- prenait que c'était la le commencement d'une prochaine et complète réhabilitation de cette merveilleuse architecture. Cet art, cependant, que l'on aimait à voir renaître de ses ruines et pour lequel le sentiment populaire commençait h se passionner, n'était pas encore officiellement reconnu dans les hautes sphères administratives ; cet art qui est véritable- ment notre art national, n'avait pu reconquérir encore son droit de cité ; il n'avait pas d'existence légale ! Loin de là , on l'excluait impitoyablement de.tous les con- cours d'architecture et c'était une des conditions expresses d'admission imposées aux concurrents. On lui faisait une guerre a outrance, on l'avait déclaré barbare cet art si mystique et si savant !