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POÉSIE. L'homme paraît ; il tend la tête, Plonge l'œil dans la profondeur, Aperçoit sa proie et s'apprête A la frapper d'un plomb vengeur. Un quaker passait d'aventure, Et, soit folie ou soit pitié, Saisit l'autre : « Je ten conjure, Grâce ! dit-il, par amitié ! « Vois comme il tremble ! il est timide ; Comme ses yeux sont caressants ! Comme sa fourrure est humide, Et tous ses membres frémissants ! « Comme son regard te supplie ! Comme il est doux, comme il est beau ! Fit-il jamais, dans la prairie, Le moindre mal au moindre agneau ? « Plus que l'enfant qui vient de naître Ce malheureux est innocent. Il me suivrait comme son maître, Et nous serait obéissant. » — « Ce tigre est abreuvé de crimes, Reprit le chasseur irrité. Vois-tu le sang de ses victimes Qui coule encore à son côté ? « Qui protège un tigre est un traître. Si j'avais pitié de son sort Il te dévorerait peut-être... » Et le tigre fut mis à mort. Aimé VINGTRINIER.