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LES JUIFS DANS LE MONDE. 491 il n'y a que des inconvénients ; à le leur permettre, il n'y a que des avantages — pour eux et pour nous. Eneffct,les en empêchez-vous? Vous les forcerez peut être à former une tribu dans chaque nation, un noyau d'opposition contre chaque Gouvernement ; et ils seraient alors pour la société un danger inces- sant et d'autant plus grave qu'ils sont actifs, intelligents et qu'ils ont de l'or — Yultima ratio de -ce temps-ci. En outre, vous commettrez un crime de lèse-humanité, d'une part, en laissant se perdre inu- tilement, pour six à sept millions d'hommes qui composent la popu- lation Israélite, en laissant se perdre les forces vives de l'activité et de l'intelligence humaines, agents de la civilisation ; et, d'autre part, en étouffant, comme en d'autres temps, l'éclosion et le développe- ment des hommes de talent, de génie que Dieu a marques de son doigt, les choisissant dans toutes les nationalités, pour éclairer la marche de l'humanité. Les laissez-vous, au contraire, prendre part à la vie des sociétés modernes et se fondre dans chaque nation ? Dès lors vous annulez ce , danger plus haut signalé et, avantage pour tous, vous donnez à cette population nombreuse, l'occasion, les droits ( véritables droits de l'homme I ) de manifester dans toute leur expansion cette activité, cette intelligence humaine parfois si féconde en heureux résultats. Et ce que nous émettons ici, ce ne sont pas de simples vues à priori, des probabilités, des suppositions gratuites ; non, car plus loin, comme preuves à l'appui de notre dire, nous montrerons qu'en France, par exemple, où l'émancipation civile leur a été octroyée depuis deux générations seulement, la population Israélite ( 80 à 100,000 âmes), qui forme à peine le quart de la population d'un déparlement ordinaire, a fourni cependant plus d'hommes éminenls dans toutes les carrières que deux ou trois départements réunis. Laissons donc les Juifs participer aux bienfaits de la civilisation moderne et participons nous-mêmes au développement qu'ils y apportent. Acceptons franchement les progrès que, chaque jour, ils introduisent dans les diverses branches des connaissances humaines ; et allons applaudir Meycrbeer, comme autrefois nous applaudissions Rachel qui, mieux que tout autre, a su faire revivre les beautés de notre théâtre classique, — toutes choses dont nous aurions été privés, si les us et coutumes d'il y a trois ou quatre siècles subsis- taient encore de nos jours à l'égard de leurs coreligionnaires. En France, depuis 1789 ou plutôt depuis le premier empire, les Juifs, remplissant tous les devoirs de citoyens, en ont logiquement tons les droits ; aussi les voit-on arriver aux fonctions les plus