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432 CHRONIQUE LOCALB. les brandies de l'enseignement supérieur en acquiert de nou- veaux par l'annexion de la Savoie. Nous ne pouvons d'ailleurs mettre en doute que les deux nouveaux départements ne fassent partie de la circonscription de l'Université de Lyon. Tout en restant sur le terrain qui nous appartient, de la science, de la littérature et de l'histoire, nous proclamons notre adhésion aux vœux si éloquemment formulé par le rédacteur en chef de la Gazette Médicale de Lyon et nous avouons notre désir ardent de voir se réaliser un projet qui serait avantageux pour notre ville et pour les provinces qui l'entourent. — Le mouvement de la pensée qui rend notre cité si digne de l'attention de l'autorité grandit chaque jour et se traduit par des ouvrages dont quelques uns de premier ordre. MM. Paul Sauzet, Monfalcon , Descuret, Pélrequin et Socquct, Rollet, Robin , Humbert, Munaret, ont à leur tour, depuis un mois, attiré l'attention, remué les idées et vu grandir leur nom. A la lecture de leurs travaux on sent que notre cité a sa vie à elle, que les esprits y travaillent et que rien ne lui manque pour être la capitale intellectuelle du Midi. — Nos plaisirs même, ces jours-ci, ont eu leur source dans ce que les arts ont de plus relevé. Roger et Tamberlick ont fait courir la foule, lé tirage des tableaux delà Société des amis des arts a été l'objet d'une brillante réunion, et la fête donnée à l'Alcazar au profit des Petites Filles des Soldats, a eu un succès artistique et littéraire autant que de bienfaisance ou de curiosité. Les journaux ont proclamé qu'elle avait dépassé en luxe, en grandiose et en magnificence tout ce que les bienfaiteurs de cette œuvre nous avaient donné jusqu'ici. Nous rappellerons que plusieurs morceaux de littérature y ont été bruyamment applaudis et que dans le Pas d'armes du Cygne, tournoi charmant, admi- rablement organisé, le livret de la pièce, improvisé par un Poète de circonstance, a révélé un talent remarquable et tout à fait nouveau; avec l'auteur, citons deux des principaux personnages, deux militaires, M. Gaullieur, chargé du rôle difficile de Bayard et M. Donat, qui dans Je rôle de Quinola, valet peureux, a montré d'excellentes qualités scéniques. — Celte revue rapide de nos goûts et de nos tendances nous rappelle que le salon ]e plus littéraire de notre ville est désor- mais douloureusement fermé. Une femme à la haute intelligence et au noble cœur, également connue des plus brillants écrivains et des plus humbles misères, a succombé après une maladie dont on n'a connu que bien tard le danger. Mme Yemeniz avait élevé le niveau des idées autour d'elle ; être reçu dans son inti- mité était une preuve qu'on valait par l'esprit et surtout par la dignité et le caractère. Si sa perte est cruellement sentie par les pauvres, elle est irréparable pour les artistes et les littéra- teurs qui puisaient dans sa conversation et dans son entourage le goût tous les jours plus rare du grand, du bon et du beau. A. V. Aimé VINGTRINIER, directeur-gérant.