page suivante »
386 ANNIBAL ET LE RHÔNE. du département de l'Isère, par M. Emile Gueymard , ingé- nieur en chef du département, et celle de M. Lory, profes- seur de géologie à Grenoble ; on y verra la preuve du passage du Rhône, dans le tracé que nous indiquons et les terres d'aliuvion qu'il y a déposées. Les démonstrations de M. Lory y sont plus explicites et plus conformes à notre opinion. Les mêmes terres auxquelles M. Gueymard donne le nom de diluvium alpin, sont par lui désignées par celui û'alluvions modernes, soit dépôt de ri- vières et de torrents de l'époque actuelle, formés isolément dans chaque vallée, sous un régime hydrographique peu différent de celui qui subsiste encore, postérieur à toutes les révolutions du sol, contenant les restes de l'homme et de son industrie, ou d'animaux qui vivent encore dans nos cli- mats. N'est-ce pas nous montrer du doigt l'île triangulaire et le fleuve Scoras que Polybe a vus, et dont il nous rend un compte fidèle? Nous disons fleuve, parce que c'était bien l'ancien lit du Rhône dans lequel coulait encore la plus faible partie de ses eaux.-Et si Gôlius, Tile-Live, Strabon et Pto- lômée l'ont cherché dans la Saône et l'Isère, c'est que'celte vieille branche du Rhône avait cessé de couler dans les plai- nes de Lyon lorsqu'ils y ont paru ; mais si ces auteurs s'en fussent occupés sérieusement, ils auraient pu trouver le mot de l'énigme, et épargner h leurs commentateurs de futiles discussions sur le mot et la décomposition du mot Scoras, dans lequel les uns ont trouvé l'étymologie d'Arar, d'autres de Bisarar et d'Isara ; et dans le mot Arar un nom géné- rique commun à toutes les rivières de cette localité, comme le nom de Gave dans les Pyrénées. Chorier s'est plus rapproché de la vérité, lorsqu'il a dit que l'Isère était une rivière aux eaux noires, à cause des monta- gnes chisleuses qu'elle traverse dans la Maurienne, et qu'elle