Revue du Lyonnais » série 2 - n°20 ( 1860 ) » pp.323

                    BIOGRAPHIE DE LA MURE.                      323
aux derniers confins de ce pays (1), où vos lettres ne sont par-
venues à nioy ou ne m'ont esté rendues que depuis une semaine
que je suis de retour icy, sera, s'il vous plaît, mon excuse prez de
vostre bonté pour le retardement de ceste response. »
    Il lui annonce, dans cette lettre, l'envoi de son petit livre sur
le prieuré de Beaulieu. Puis il ajoute :
    « J'ay admiré le bel ordre que vous avez mis en vostre
Histoire de Dombes et estime ce pays trop heureux de sortir par
vostre labeur de l'obscurité où il est dans les livres anciens. Con-
tinuez à si bien mériter du publiq, mais aussi conservez-vous
pour son utilité, et croyez que de tous ceux que vous honorez,
je suis avec le plus de respect et d'inclination, Monsieur, vostre
très-humble, très-obéissant et obligé serviteur. »
    Et Guichenon répondait à quelques jours de là :
     « Quelque long que soit votre silence, je ne soupçonneray
jamais vostre amitié ; vous me l'avez promise, et de trop bonne
 grâce pour me la refuser, et j'espère de procéder avec vous de
 façon que vous n'aurez jamais sujet de vous repentir de m'avoir
 aimé
     « Je vous rends grâces très-humbles de la fondation du
 prieuré de Beaulieu, que vous avez si bien tirée de la poussière.
 Vostre scrupule touchant cette Sybille Comtesse n'est pas sans
 fondement, et si Severt eût été un autheur exact, il nous en
 auroit éclairci ; mais il n'y a que confusion en ses ouvrages et
 point de chronologie, qui est la guide de l'histoire. En attendant
 celle de Savoye, vous aurez aux festes de Noël un ouvrage latin
  de ma façon assez curieux, où vous trouverez sans doute des
  choses assez rares pour vostre Histoire de Forests. M. Barbier
  achève de l'imprimer, et moy je ne cesseray jamais d'estre,
 jusqu'aux derniers moments de ma vie, etc. »
     « Je m'estime le plus heureux du monde, de me voir dans
  l'honneur de votre souvenir, lui répond La Mure, 27 dé-
  cembre 1659, et vous proteste que quelque estime que vous ayt
  acquis vostre mérite, je ne céderay jamais sur ce point à per-

   (1) Probablement en Roannois.