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                CHRONIQUE LOCALE.
   La séance publique de l'Académie, tenue dans le local ordi-
naire, le 28 février, a pris toute l'importance et les proportions
d'un événement. Que le goût de ces solennités littéraires se
développe dans notre ville, que le nom des orateurs ait exercé
une influence sur le public, le fait est qu'une heure avant la
séance la salle ne pouvait plus contenir les spectateurs, que la
foule arrivant à l'heure ordinaire à dû se tenir debout dans le
vestibule qu'elle remplissait et que les derniers venus, pressés
contre les portes de la terrasse, ont été contraints, bien à contre
cœur, de se contenter du bruit des applaudissements et de jouir
de l'enthousiasme par communication, sans pouvoir saisir, nous le
présumons, les paroles qui se recueillaient avidement dansla salle.
   M. Pétrequin, le président, a retracé à grands traits l'histoire
des travaux de l'Académie pendant l'année ; il a rappelé Jes décou-
vertes faites en géologie, les études savantes des zoologistes, et,
parmi ces dernières, celles qui ont trait à l'entomologie, cultivées
avec tant de succès parmi nous. Philosophes, historiens, arché-
ologues, littérateurs lui ont servi à prouver combien le mouve-
ment intellectuel était vivace dans notre cité. Grâce au talent
de l'orateur, cette nomenclature rapide n'a rien eu de l'aridité
qu'on aurait pu craindre. Ce n'était qu'une esquisse, mais faite
d'une main habituée à tenir le pinceau.
   Après le récit des travaux est venu celui des pertes et des
regrets. M. Sauzet avait été chargé de cette partie difficile. Nul
ne pouvait exprimer mieux les sentiments de la Compagnie, et
c'est avec la plus religieuse attention qu'on a écouté les adieux
adressés à M. Victor Thiollière, le géologue savant et modeste,
à Mgr. Rendu, l'habile et vertueux prélat,. à Mme Desbordes-
Valmore, le poète du cœur, à M. Fulchiron, le Lyonnais dévoué
aux intérêts de la cité, à M. Servan de Sugny, l'homme bon et
sympathique, poète enjoué, traducteur élégant des poésies de
l'Orient, qui faisait aimer les lettres par la beauté de son carac-
tère ; puis après ces courts éloges plus d'une fois interrompus
par de chaleureux applaudissements, M. Sauzet a fait, avec une
habileté extrême, le portrait en pied de M. de Chantelauze et il
l'a montré dans toutes les phases de sa vie, avocat, magistrat,
ministre, prisonnier d'Etat, humble chrétien, partout également
grand, toujours fidèle aux grands principes de l'humanité, en
même temps que dévoué à la monarchie dont il n'a jamais voulu
partager que les périls et les revers. La Revue du Lyonnais don-
nera, nous l'espérons, ce morceau qui prendra place parmi les
 plus remarquables de l'époque, mais, comme toujours, il man-
 quera au lecteur ému cette voix sympathique et vibrante de l'ora-
 teur, cette chaleur qui se communiquait du cœur du panégyriste
 aux entrailles des auditeurs, cette mise en scène toujours impo-
 sante d'un homme qui parle devant un public nombreux, et ces
 bravos frémissants arrachés à chaque instant à l'auditoire.