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254 .EXPOSITION LYONNAISE. M. Pessonneaux nous avait donné , aux autres expositions, des preuves plus complètes de son talent d'observation et de sa manière de comprendre le paysage. M. Ponthus-Cinier a été habitué à recevoir assez d'encoura- gements d'abord et trop d'éloges ensuite , pour que les nôtres aient quelque prix. Rarement le travail assidu et fécond a été mieux récompensé. Son talent n'est pas toujours égal; souvent il est plus beau dans un détail que dans l'ensemble, dans une étude ou une petite toile que dans une large composition. Mais il a le bonheur de se maintenir dans les limites d'une vigueur contenue, d'une vérité simple et quelquefois élégante sans pré- tention. En résumé, après avoir été longtemps discutée, niée même par quelques uns, à ses débuts, sa valeur comme artiste s'est assuré un rang distingué et résolument conquis. M. Lebereck Lortet ne tardera pas à donner un nom de plus à la liste de nos paysagistes qui considèrent la nature sous ses aspects les plus variés et les plus poétiques. Malgré les brumes vaporeuses qui se dégagent des plaines et des collines de Mlle Hélène Pourra, l'air circule à leur surface et dans leurs profondeurs. Les sites qu'elles déroulent sont heu- reusement choisis. Nous voudrions pourtant voir la palette et le pinceau de cette artiste sortir de leur douce , oserions-nous dire de leur molle indécision, et déployer la vigueur qu'ils laissent parfois percer. La Coquetterie naïve, jolie statuette en marbre de M. Protheau, est on ne peut plus naïvement coquette. Mme Puyroche-Wagner rend avec une grande franchise de couleur les modèles vivants que les plantes de la nature lui four- nissent. Si la composition de ses tableaux de fleurs ne sourit pas toujom's, leurs riches carnations suppléent à ce défaut de séduc- tion. M. Keignier soutient, dans le même genre de peinture, sa réputation de riche coloriste. Voici un sculpteur qui menace les photographes de sa con- currence : dix-huit bustes ou médaillons, ni plus ni moins, rehaussés d'étiquettes au minium, tel est cette année le bagage de M. Roubaud (jeune); c'est, du resté, le bagage ordinaire de cet artiste ; mais il est bien lourd. S'il fallait le vérifier en douane, on trouverait que la facilité exclut trop souvent la soli- dité du travail. Avec une aptitude comme celle qui lui a été lar- gement octroyée, il faut en convenir, qu'il fasse donc moins et il fera mieux. Un critique sérieux a reproché aux portraits modelés en mar- bre ou en terre, d'être ressemblants à faire peur. Nous sommes de son avis. Les imposantes solitudes, les lignes et les horisons majestueux, les eaux dormantes et limpides, les tons mesurés, en un mot les plus douces rêveries de la nature, tel est le lot que M. Servan