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228 VIE PRIVÉE EN BOURGOGNE notre tableau du pris de la viande, on ne trouve qu'une année, 1415, où ce prix atteignit celui de 1385, et une autre, 1383, où il le dépassa. Celle diminution, qu'on ne l'oublie pas, est plus grande en réalité qu'elle paraît, parce qu'il faut faire entrer en ligne de compte la dépréciation constante du prix du marc, et, par conséquent, du pouvoir de l'argent. Il est vrai de dire que les aulres viandes avaient relative- ment plus de valeur, puisqu'un porc valait 25 s. = 67 f. 75 c , un mouton ou un veau 10 s. = 27 f. 50 c , mais, comme on le voit, ces prix ne s'éloignaient pas beaucoup de la moyenne des prix actuels. Qu'on veuille bien maintenant faire une comparaison facile, et qu'on dise lesquels des pauvres gens de 1385 el de ceux de 1859 étaient les plus heureux. La valeur des vins ne peut êlre fixée d'une manière absolue, par la raison que l'extrême variété des qualités se joint à la multitude des mesures pour dérouter les recherches, et qu'on ne sait où trouver une base certaine. Les jauges étaient aussi variées que les mesures pour les grains, et, pour ajouter à la confusion, on trouve, en certains Heux, des achats faits à la jauge de lieux très éloignés: ainsi à Pôlîgny, en Comté, on acheta à la mesure de Paris. Contentons-nous donc, comme nous l'avons fait déjà pour les céréales, dé re- chercher la valeur du vin sur le marché de Dijon. tïn trouve qu'en août une pinte de vin pour les ouvriers valait 6 d. — 1 f. 27 c. Il serait raisonnable de croire qu'il s'agit ici de la pinte de Dijon, de cent quarante au poinçon, donner les prix élevés de toutes choses, n'a pas commis d'exagération , il faut admettre] une différence dans les conditions de la vie, dont l'excès doit être attribué aux disettes de la guerre ravageant ce qu'on appelait alors la France, tandis que la Bourgogne était en paix. Ces anomalies, qui devaient être fréquentes, ôtent toute autorité aux conclusions tirées du rapprochement de renseignements empruntés à des lieux éloignés.