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                    LA BATAILLE DE BRIGNAIS.               207

ne leur résistait et pensant qu'il leur serait plus avantageux
de piller le pays par bandes séparées qu'en un seul corps
d'armée, elles se divisèrent en deux troupes.
   La première resta sous les ordres de Séguin de Batefol ;
c'était la moins forte : elle ne comptait que trois mille com-
battants. Il rentra, à leur tête, dans la terre du sire de
Beaujeu, et vint s'établir sur la rive droite de la Saône, dans
la petite ville d'Anse, dont il répara et augmenta les fortï-
ficatications. « Il y a là un des gras pays du monde. »
Aussi, les routiers y séjournèrent longtemps, tenant en grande
souffrance la ville de Lyon, et s'élançant, comme d'un re-
paire, pour aller porter au loin le ravage. Ils battirent de la
sorte et rançonnèrent à leur aise le comté de Mâcon , l'ar-
chevêché de Lyon, la terre du sire de Beaujeu, le Bourbon-
nais et le comté de Nevers (1). Enfin , après avoir dévasté
et ruiné tout le pays, ils brûlèrent la ville d'Anse , allèrent
chercher un nouveau butin en Auvergne, et finirent par
s'y débander. Séguin de Batefol se retira en Gascogne, et
passa, en toute sécurité et honneur, le reste de ses jours
dans le château de ses pères. Ses richesses avaient fait ou-
blier ses crimes (2).
   La seconde troupe des routiers, conduite par plusieurs
chefs qui agissaient de concert, se dirigea sur Avignon,
« disant qu'ils iroienl voir le Pape et les Cardinaux, et au-
« roient de leur argent. » Ils emportèrent par surprise le
Ponl-Sainl-Esprit ; et, à cheval sur le Rhône, ils ravagèrent
pendant quelque temps ses deux rives. Leurs bandes, cepen-
dant , couraient tous les jours jusqu'aux portes d'Avignon ;
elles s'augmentaient sans cesse, « car tous les pilleurs et
» guerroyeurs laissoient leurs forts, et s'en allaient devers
« eux, en espérance de plus pilier. » Une compagnie entière,
  (1) Froissart. ch. 152,
  (2j De Rubys, liv. m, ch. 44.