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206 LA BATAILLE DE BRIGNAIS. « naîtraient de celte déconfiture et multipltefoient, si Dieu « n'y mettoil remède.» Les Lyonnais surtout furent effrayés ; c'était sur eux que devaient tomber îes premiers coups des routiers, et il n'était point sûr que les murs de leur vieille cité pussent résister à l'assaut de ces bandes redoutables. Cependant ils en furent quittés pour la peur; les routiers, dont les mains étaient pleines de butin, ne se souciaient pas d'engager, pour le moment, dé nouveaux combats. Ils se Contentèrent de rançonner leurs prisonniers. Tous ceux qui purent payer furent mis en liberté. Froissart ne le dit pas ; mais c'était la coutume du temps, et l'on peut croire que les roufiefs ne s'en départirent pas en cette circonstance, car on voit l'archîprêtre épouser, en cette même année , 1362, la veuve du sire de ChJteauvilfain, en Champagne (I). Les grandes Compagnies séjournèrent quelque temps dans les environs de Lyon, « menant bien le temps à leur volonté, « car nul n'alloit à l'encontre; » puis elles se remirent en campagne , franchirent les monts et pénétrèrent dans le Forer, qui fut complètement ravagé. Voyant alors que rien (1) Oh nous permettra d'achever en passant l'esquisse de celte vie aven- tureuse. On retrouve Arnaud de Cervolles guerroyant en Lorraine, dès l'année suivante, à la tété d'une bande, appelée la Compagnie bretonne. Sur la fin de cette même année, il dirige, on qualité de général, la petite armée du duc Philippe, quatrième fils du roi Jean, et opère au profit de ce prince, la conquête, de la Bourgogne sur le comte de Montbéliard et la noblesse bourguignonne, armée pour soutenir les droits de la comtesse douairière de Flandre sur ce duchés 11 commande les Bourguignons à Cocherel, et y dispute à Duguésclin lui-même, la fonction de général en chef ; en 1365, il occupe la place de ehambellan auprès du roi Charles V, et s'offre pour diriger la croisade projetée par Urbain V et mener tous les routiers combattre contre lès Turcs. Ce projet n'ayant pas abouti, Cervolles passe en Alsace, par pure fantaisie, disait-il, et pour faire boire, en dépit de tous, ses chevaux dans le Rhin ; il y guerroie quelque temps à la tête d'une compagnie d'Anglais et revient mourir tranquillement en Provence, laissant deux enfants qui perpétuèrent sa race.