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200                   LA BATAILLE DE BRIGNAIS.

    Séguin de Batefol étail un capitaine trop expérimenté pour
 négliger d'occuper le hameau des Barolles et la colline sur
laquelle il est assis. A la nouvelle de l'arrivée des troupes
royales, il s'était empressé d'élever quelques fortifications
grossières sur un petit monticule de vingt-cinq mètres environ
de diamètre, qui se dresse en pente fort raide sur la gauche de
l'ancien chemin de Saint-Genis à Brignais, et commande tout à
la fois le chemin et la plaine. Du haut de cette position et
à l'abri des remparts de terre qu'il avait fait élever, le général
des Routiers pouvait braver l'attaque de Jacques de Bourbon et
l'écraser sans danger s'iltentaildeforcerle passage. Mais il étail
à craindre que l'armée royale, malgré sa confiance, se refusât
à engager le combat sur un terrain aussi désavantageux pour
elle, si elle connaissait la supériorité numérique des Routiers.
Batefol dissimula donc ses forces et fit cacher la moitié de
ses gens dans les plis de terrain que voile la colline, ne lais-
sant pour garder le monticule fortifié, que cinq à six mille
hommes, les plus mal équipés de son armée.
   Les éclaireurs de Jacques deBourbon s'avancèrent, sans ren-
contrer d'obstacles, jusqu'au pied du monticule; ilspurentob-
server à loisir la position des Routiers et faire l'évaluation
exacte des troupes que Batefol avait mises en évidence. L'armée
des Compagnies était là tout entière, ils n'en doutèrent.pas,
et elle avait peur, puisque rien n'avait bougé. Ils revinrent
tout joyeux apporter ces bonnes nouvelles à Jacques dé
Bourbon. « Nous avons vu, lui dirent-ils, les Compagnies
« rangées et ordonnées sur un tertre, et bien avisées à notre
« loyal pouvoir. Ils ne sont pas plus de cinq à six mille
« hommes là environ, et encore sont-ils mal armés (1). »
On assembla aussitôt le conseil, et Jacques de Bourbon
s'adressant à Arnaud de Cervolles : « Archiprêtre, s'écria-t-il
« tout joyeux, vous m'aviez dit qu'ils étoient bien quinze
  (1) Froissart, ch. 151,