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198                  LA BATAILLE DE BRIGNAIS.

   Jaloux d'éviter le sort de Montbrison, qui avait été brûlé
par les Anglais quelques années auparavant, les bourgeois de
Charlieu avaient demandé au Dauphin, de passage dans
leur ville, l'autorisation de démolir le vieux château royal,
situé dans le faubourg, et d'en employer les matériaux à
élever une enceinte de bons murs (1). A l'arrivée des com-
pagnies ce travail était achevé, et Charlieu se trouvait muni
de fortes murailles ; les gentilshommes du pays s'étaient
jetés dans la place et attendaient derrière les remparts l'at-
 taque des routiers. Batefol ordonna l'assaut, ses gens y cou-
rurent et y firent rage; mais les murailles étaient solides, et
la garnison était brave. Pendant un jour entier les routiers
s'obstinèrent avec furie k l'attaque, ils ne purent ni ouvrir
une brèche, ni escalader les remparts, et, désespérant d'em-
porter la viile, ils se décidèrent à passer outre. Batefol ra-
mena ses bandes du côté de la Saône, se répandit sur les
terres du sire de Beaujeu, où il fit de grands ravages, péné-
tra dans l'Archevêché de Lyon, y prit succesivement nombre
de petits forts et s'avança jusqu'à Brignais, à trois lieues de
Lyon. Ce n'était alors qu'un petit village, assis dans la plaine
au pied d'un château de médiocre force, qui appartenait
au Chapitre de Saint-Just. Les routiers l'emportèrent
sans coup férir, « et là se logèrent et arrestèrcnt, car ils
« entendirent que les François étaient tous traits sur les
« champs et appareillés pour eux combattre (2). »
   Jacques de Bourbon avait eu le temps de rassembler ses
troupes, et il se trouvait à la tête d'une armée, un peu in-
férieure peut-être à celle des routiers, mais assez puissante
pour leur tenir tête si elle eût été bien conduite. A la nou-
velle de la prise et du sac de Brignais, il se mit aux champs
et se dirigea du côté de l'ennemi, comptant bien en finir à la

  (1) Désevelinges.'Histoire do Charlieu, p. 148 et suiv,
  (2) Froissart, chap. 150.