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 196                DE LA DIGNITÉ DE i/ART.

  ni la perfection de la forme antique, ni la perfection du
  sentiment chrétien, ni la perfection d'exécution des écoles
  dites réalistes! Pourquoi celui qui a de grandes idées,
  un but noble et élevé, repousserait-il la science de la forme
  et l'habileté de la main? pourquoi aussi, celui qui possède
 ces dernières qualités, refuserait-il de les mettre au service
 d'une grande pensée ? Une page de peinture montrant une
 action de courage ou de dévoûment, nous touchera-t-elle
 moins lorsqu'à la beauté , à la grâce , a la distinction de la
 forme, elle joindra la vérité et la poésie de la couleur ? Une
 statue nous frappera-t-elle moins, lorsqu'à la grandeur de
 l'aspect, a la pureté des contours, elle joindra la puissance
 de l'expression et du sentiment ? Croit-on aussi qu'un édifice
 civil ou religieux sera moins beau si, a l'harmonie des lignes
 et des proportions , a la science du constructeur, se joint
 un caractère bien approprié a sa destination et une orne-
 mentation qui, dénotant l'artiste, soit variée, neuve et accuse
les grandes lignes' de la construction ?
    L'art contemporain a tous les éléments pour obtenir ces ré-
 sultats, mais à la condition qu'il sera, non le continuateur des
formes anciennes, mais celui des grands principes qui, dans
tous les siècles, ont produit de formes nouvelles, expression
des croyances et des mœurs de ces siècles. Si le nôtre trouve
des âmes refroidies au contact des intérêts matériels , il
en compte aussi beaucoup chez qui le sentiment du beau
et du vrai n'est pas complètement éteint, et qui savent
s'enflammer à la vue des belles et grandes choses comme
à la vue ou au récit des belles actions. C'est en faveur de
ces âmes d'élite et dans les conditions indiquées plus haut,
que nous espérons voir l'art redevenir initiateur, attester
les aspirations vers le bien de ces temps-ci, et constater, par
des merveilles nouvelles, que le XIXe siècle a su trouver
une forme qui fera sa gloire dans les siècles futurs.