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DE LA. DIGNITÉ DE L'ART. '198 accuse pourtant la vie et assure le progrès, a aussi son écueil, qu'il faut bien signaler si nous ne voulons pas laisser dire aux esprits inquiets et impatients : « Mais pourquoi le « XIXe siècle , qui dispose de tant de ressources, de tant « de moyens, n'a-t-il pu trouver encore une forme qui lui « appartienne et le caractérise ! » L'écueil est donc dans cette ardeur juve'nile qui nous fait prendre la forme pour le fond. Nous imitons , nous repro- duisons toutes les manières par lesquelles l'art s'est mani- festé sur la terre depuis qu'il existe, sans aller à la source, sans rechercher les principes de toutes ces manifestations et sans nous apercevoir que nous créons pour chacune d'elles, ce que nous avons tant reproché à l'école classique, contre laquelle nous réagissons, le pastiche ! Une forme, un style dans l'art, est la manière par la- quelle un artiste, une nation ou un siècle , interprètent la nature où les lois qui la régissent. Mille causes amènent des différences dans cette inter- prétation qui varie ainsi les formes et les styles. Pour un pays, ce sont ses lois, sa religion, sa poésie, ses mœurs, son climat; pour un artiste, mais un véritable, non pas celui qui ne fait qu'imiter la manière de faire d'un autre, mais qui en trouve une nouvelle. C'est l'état de son âme, l'habitude de ses pensées, les instincts de son cœur, en un mot, toute son individualité morale qui passe dans ses œuvres. Mais surtout, c'est le but qu'il se propose, qui influe le plus sur le caractère que prendront les créations. Que l'artiste élève donc la hauteur de son but, qu'il étu- die avec courage les œuvres inspirées par de grandes pen- sées, et exécutées par d'habiles mains, il s'appropriera ainsi l'expérience des siècles. Un des défauts de notre époque, c'est d'avoir, pour chaque forme de l'art, des admirateurs passionnés , mais qui sont exclusifs , et repoussent et ana- thématisent toutes les autres. Ne rejetons de nos études,