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                     DE LA DIGNITÉ DE L'ART.                       185

trines désastreuses, et se font les apologistes de toutes les cau-
ses qui mènent l'art à sa perte. Et au nombre de ces causes
n'hésitons pas a placer en première ligne l'imitation de la na-
ture comme but. Certes, le rôle assigné par l'art a cette imita-
tion, aux grandes époques de ses gloires, était assezlarge,
sans chercher a en faire le but unique* Cette doctrine de-
vait du reste nous conduire fatalement à cet état de chose
qui est plus que de la décadence. On a commencé d'abord
par imiter, en choisissant de belles choses ; on a continué en
ne choisissant plus du tout, et de conséquence en con-
séquence, pour ne pas faire ce qui avait été fait, on en est
arrivé a choisir le laid, Nle trivial et on en est allé plus loin
encore. Eh puis avec un orgueil ! qui n'a pas de nom, on a
appelé ceci du réalisme, fausse dénomination qui outrage
le bon sens et la raison, et contre laquelle je regrette de ne
pas avoir assez de verve pour protester. Le réalisme ! Mais
il se compose de bien et de mal, de beau et de laid, de vrai
et de faux. Phidias et Parrhasius, Donatela et Giotto, Raphaël
et Titien, Jean Goujon et Poussin, en ont fait eux aussi du
réalisme ; mais ils choisissaient le bien, lebeau et le vrai : vous
ne choisissez que le mal, le laid et le faux: ils élevaient les
âmes, ils touchaient les cœurs, qu'il me soit permis, par res-
pect pour l'auditoire qui m'écoute, de taire ce que vous
inspirez.
     Le poète avait dit :
           « Il n'est pas de serpent ni de monstre odieux
           u Qui, par l'art imité, ne puisse plaire aux yeux ! »

   Mais le poète en faisait l'exception ; les réalistes en ont
fait la règle : pour eux, plus de sujets solennels destinés h
nos temples, où la divinité et la sainteté rayonnent sur les
fronts des personnages, portent l'âme a la vénération et à la
prière ; plus de héros pour nos palais et nos places publi-