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•184                DE LA DIGNITÉ PE L'ART.

 et les regards levés au ciel pour en faire une sorte de mer-
cenaire donnant a ses doigs ainsi que le baladin à ses jambes
la dextérité qui attire l'or, et les applaudissements de la foule
 aussi énervée par les sophismes des rhéteurs, que dépravée
par les jouissances du sensualisme.
    Malheureusement, il faut le constater pour le déplorer,
nous assistons actuellement à cette déviation du but de l'art,
qui a toujours été, dans l'histoire de ses développements, un
caractère de sa décadence; ce frère de la poésie qui était
appelé à tout ennoblir à tout glorifier, qui élevait l'âme en
rendant accessible a notre nature finie les attributs de Fin-*
fini, qui enflammait l'enthousiasme, en mettant sous nos yeux
les actions de courage et de vertu, qui toujours dans tous les
cas élevait la pensée, adoucissait les caractères, poliçait les
mœurs par la représentation du beau, du vrai et du juste, ce
frère de la poésie disons-nous semble vouloir abdiquer, et re-
noncer a tous ses privilèges. D'où vient le mal ? a qui la faute?
les esprits d'élite ont-ils abandonné le culte du beau dans
les créations artistiques ? Non, car plus que jamais les œu-
vres des grands maîtres sont estimées, recherchées et visi-
tées dans nos temples, nos palais, nos galeries publiques et
particulières. La gravure et la photographie reproduisent et
répendant en masse dans le monde les monuments artisti-
ques de tous les pays, de toutes les époques. On peut dire
que l'art n'avait jamais eu tant de moyens de répondre et
populariser ses Å“uvres et c'est le moment qu'on choisit pour
lui enlever la couronne qu'il avait au front, et l'affubler d'une
livrée de valet.
   Faut-il attribuer le mal au goût public qui semble n'appré-
cier que les Å“uvres dont l'imitation servile de la nature et
l'habileté de la main ont fait tous les frais. S'il en est ainsi le
plus coupable n'est pas le public ; mais ceux qui ayant mis-
sion de former son goût, le faussent au contraire par des doc-