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178 DE LA DIGNITÉ DE l/ART. avouant toutefois qu'avec moins de mérite qu'Andréa, j'ai plus de bonheur que lui : il précédait cette glorieuse pleïade de sculpteurs florentins qui a fondé l'art moderne, tandis que mon admission dans cette enceinte me fait le successeur, me rend pour ainsi dire membre de cette grande famille de sculpteurs lyonnais qui depuis plusieurs siècles illustre cette ville et fait la gloire de la France. Car je n'oublie pas que plusieurs d'entre eux ont siégé au milieu de vous. Messieurs, des paroles persuasives et pleines d'autorité plaidaient naguère dans ce lieu la cause de l'application de l'art à l'industrie, la cause de cet élément par lequel l'art fait la prospérité des cités comme des empires. J'ai voulu à mon tour vous entretenir de l'élément qui enfante les chefs- d'œuvre et qui, en témoignant de la puissance et de la gran- deur des nations, fait leur gloire et leur orgueil. Eléments bien distincts et cependant solidaires l'un de l'autre, se fécon- dant mutuellement et ne pouvant se développer isolés sans se nuire. En effet, pas de créations sublimes sans prospérité publique ; comme pas d'expansions profitables, pas de fécon- dité dans l'élément usuel, si le niveau de l'élément noble est abaissé, si le goût public cesse d'être alimenté par des œuvres conçues dans les régions les plus élevées de l'intelligence humaine. Athènes dans les jours anciens et Florence dans des temps plus rapprochés de nous ont dû leur richesse à l'élégance de leurs produits industriels, a la beauté de leurs armes, de leurs étoffes, de leurs meubles, de leurs bijoux recherchés dans le monde entier. C'est qu'Athènes était la patrie de Phidias et Florence celle de Michel-Ange. Partout où rayonne un grand nom d'artiste s'épanouit le goût qui féconde l'in- dustrie. Et, sans évoquer les souvenirs historiques des pays lointains, n'avons-nous pas une preuve vivante de l'influence des arts libéranx sur les arts industriels ! Qui oserait dire