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                      LA BATAILLE DE BRIGNAIS.                159

régulière, se nommèrent des chefs, et confièrent la direction
suprême des divers routes à Séguin de Batefol, chevalier
gascon qui était venu se joindre à eux. Enhardies par le.
succès et pleines de conSance dans le nombre de leurs soldats, »
« les Compagnies se avisèrent, environ la mi-carême, qu'ils
« se trairoient vers Avignon et irnient voir le Pape et les
« Cardinaux : si passèrent oultre, et entrèrent et coururent
« en la comté de Mâcon, et s'adressèrent pour venir en la
« comté de Forez, ce bon gras pays, et vers Lyon sur le
« Rhône (1). »
   L'effroi cependant grandissait à la cour du roi Jean, De
toutes les parties de la Champagne, de la Bourgogne, de la
Franche-Comté et du Lyonnais, les plaintes et les doléances
du peuple arrivaient jusqu'à lui. Les routiers faisaient la
guerre en brigands ; ils pillaient de toute main, et la chau-
mière du paysan n'était pas plus sacrée pour eux que le
château du gentilhomme ; ils s'avançaient renversant tout et
laissant derrière eux le désert. Une vieille chronique en vers,
citée par Du Cange, peint avec naïveté la désolation des pays
ravagés par les routiers :
         Ils y prenoient par tout les gens à raençon,
         Et il n'y demeurait buef, vache, ne mouton,
         Ne pain, ne char, ne vin, ne oyc, ne chapon (2).

Aussi impies que cruels, «ils ard tient les Monastères et les
< Églises où le peuple se relraioit, et tourmentoient les
  i
« Prestres et les Religieux, les appelloient Canlatours, par
« desrision, et leur disoient, quand ils les balloienl: Canta-
te tours, Gantez (3),» On aurait pu se croire revenu au temps
des invasions barbares, et la terreur que les routiers inspiraient

  (1) Froissart, liv. i, part. 2 ch. 148.
  (2) Ducange, Glossarium v° compagnia.
  (3) Historia Francia; MS, citée par Ducange, yo Coterelli