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188 LA BATAILLE DE BR10NAIS. Les vœux perfides d'Edouard 111 furent trompés; les chefs des compagnies étaient trop avisés pour se laisser entraîner dans un pays dévasté par une longue guerre et où il ne restait rien à piller; Ils se dirigèrent vers la Champagne et la Bourgogne, et, voyant que personne ne s'opposait à leurs dévastations, ils entreprirent d'organiser le brigandage pour le rendre plus fructueux. Leurs bandes disséminées se réunirent, se grossirent, chemin faisant, de tous les vagabonds qu'elles rencontrèrent, et «firent là grandes roules et grandes « compagnies, qui s'appeloient les Tard-venus, pourtant « qu'ils avoient encore peu pillé au royaume de France (1). » Le premier exploit des Tard-venus fut la prise « du fort « châlcl de Joinville avec très-grand avoir dedans, qu'on « y avoit assemblé de tout le pays d'environ, sur la fiance « du fort lieu. » Ils se partagèrent le butin et se répandirent v ensuite dans la Champagne, « gâtant » tout le pays, ainsi que les évôchés de Verdun, de Toul et de Langres. Quand ils eurent assez pillé, ils se jetèrent sur la Bourgogne, « et là « se vinrent reposer et rafraîchir, en attendant l'un l'autre, « et y firent moult de maux et de vilains faits (2). » Les cam- pagnes qui «voisinent Besançon, Dijon et Beaune, furent successivement ravagées, « et se tinrent là une pièce pour « cause du gras pays » prenant les petites villes et s'emparant de divers forts où ils mettaient leur butin à couvert. Cependant le bruit de leurs succès se répandait au loin, et de tous les points du royaume les pillards et les gens sans aveu venaient en hâte grossir leurs rangs. Au commencement du Carême de l'année 1362, ils se comptèrent et se trouvèrent au nombre de quinze mille combattants. Us s'organisèrent alors une seconde fois, se soumirent à une discipline plus (1) Froissart, iiv. t, part. 2, ch. 147. (2) Id.