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DE L'HOMME. 121 de notre esprit, s'il est permis d'associer ces deux mots qui se heurtent (1). On voit après la mort que le corps matériel rentre dans la matière générale. Par analogie on a dit : l'esprit et l'âme entrent aussi dans l'esprit central, dans l'âme centrale du monde. On ne fait pas attention qu'une semblable dissolution de l'esprit dans cet ensemble des esprits ressemblerait assez à la mort de l'esprit individuel. Il en résulterait que dans l'ordre du monde, l'esprit le plus pur et le plus impur seraient au même rang ; le péché et la vertu seraient équivalents. D'autres raisons encore portent à admettre que l'esprit, dans son enveloppe animique, a une durée personnelle après la mort. L'esprit a la conscience que les vertus des autres hommes ne sont pas les siennes, que les péchés des autres hommes ne sont pas ses péchés. Tous les peuples et toutes les religions aspirent cette conscience de l'individualité in- destructible. La croyance à l'apparition des esprits est très-ancienne dans toutes les mythologies. L'homme est toujours disposé à symboliser le surnaturel sous une forme matérielle. Aussi, la doctrine des esprits qui a joué un grand rôle dans les religions païennes, s'est infiltrée dans le monde chrétien et a exercé une grande influence à différentes épo- (1) Dans les langues on retrouve pour radicaux ries mots âme, esprit, ceux qui désignent la fonction la moins matérielle (en apparence). En sanscrit : s, as, souffler (forme simple) asmi, moi respirer, je vis, Je suis ; asti, lui respirer, il vit, il est. En grec esti, en latin et-français est, allemand, ist. n, an, respirer; bruit de cette fonction : en sanscrit, ana, anila souffle; en grec, anemos, latin, animus, animal, ce qui respire. Anima anme, âme, principe de la vie. Sper, souffle; en sanscrit, sperla, souffle; en latin, spirare, spirilut, espiril) esprit.