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DE L'HOMME. 111 faut en accuser que notre esprit. Il pervertit ses instruments dévie par de mauvaises habitudes, par une excitation exa- gérée et par inadvertance. Mais alors la nature, dont il veut faire un bouc émissaire, le punit sévèrement. Avec ses lois, la nature le rappelle à la raison. Les maladies et les misères poursuivent celui qui a péché contre elle. Au milieu des douleurs et des larmes, l'homme fait de salutaires ex- périences. La nature réveille , avertit, punit, récompense pour diriger l'esprit. C'est ce que l'on peut appeler le doigt de Dieu. Ces punitions infligées par la nature provoquent des améliorations. Ce ne sont pas des emportements de colère et des actes de vengeance. Ces mauvaises passions, inconnues dans la nature, sont les fruits des erreurs hu- maines. Ce rapport moral entre la nature et notre esprit nous conduit à présumer une puissance supérieure. Un rapport semblable n'existe point entre l'aninnl et la nature. L'animal le plus parfait, aussi bien que l'homme, voit la beauté du monde, la lumière du soleil, l'éclat des étoiles, il entend le grondement de la tempête et du tonnerre. Mais tous ces phénomènes ne font pas surgir en lui l'idée d'action et de cause ; s'il n'est pas frappé, il erre indifférent. L'esprit hu- main est étonné de ces faits dont la cause est pour lui un mystère. Il y réfléchit, il devine ce qu'il ne peut saisir par les sens ; l'œil de l'esprit voit ce qui échappe a l'œil du corps. Il s'élève ainsi du visible h l'invisible. Son étonne- ment considère comme un miracle ce qu'il ne peut expliquer ; la crainte d'un pouvoir supérieur est la mère de la religion. Dans tout phénomène observé, l'apparence est certaine pour nous, mais la-vérité reste incertaine. Cette religion est celle de l'enfance des peuples. Ils rem- plissent la terre de miracles, et le ciel d'une foule de dieux auxquels ils attribuent leurs faiblesses et leurs passions.