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108 DE L'HOMME. principes. Elle résulte souvent de notre légèreté, de circons- tances accessoires, de l'état du physique et du moral. Mais l'esprit fait toujours son choix. Les maladies, l'enfance, l'éducation, les occupations habituelles, le sort des peuples, les climats sont autant de causes qui peuvent restreindre cette liberté, mais elles ne peuvent l'anéantir. Après Bacon on déduisait la-morale non de !a raison mais de certains penchants ou inclinations morales. Cet instinct moral, quelques-uns, comme Hobbes, Clarke le bor- naient à l'intérêt et au bonheur personnel. Cumberland, Snaftsbury, Smith, Locke admettaient une nature morale plus pure et cherchaient à concilier le désintéressement et l'égo'ïsme. Les deux partis se confondaient dans Fende- monisme... En France, l'empirisme était devenu tout matériel avec Lamétrie, Helvetius, d'Holbach. Ils placent le principe de la vie dans l'égoïsme et les inclinations animales. Toutes ces idées morales dérivaient de la superstition, des préjugés, de l'éducation et de la politique. Cette doctrine enseignée par Montaigne, Mandeville, Larochefoucault, Helvetius, Voltaire, désenchanta la vie par l'ironie, fit trôner l'égoïsme qui se riait de l'enthousiasme et de la foi morale. A mesure que l'homme fait plus d'efforts pour subvenir à ses besoins, l'activité de l'esprit se tourne vers les moyens d'entretenir la vie et de la rendre plus agréable. Toute l'in- telligence du peuple se dirige de ce côté ; le travail et les peines ne lui laissent pas le temps de penser a autre chose. Tout ce que les demi-savants, les charlatans, les oisifs lut présentent comme la vérité, il l'accepte sans examen. Ainsi s'augmente cette provision d'idées fausses, de superstitions, de préjugés qui composent la sagesse courante. Les intérêts matériels avant tout, les intérêts moraux viennent après. Un besoin en éveille un autre ; une jouissance en appelle une