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106 DE L'HOMME* Mais peut-on aimer Dieu sans le connaître ? Peut-on le connaître sans Faimer ? La nature dont nous faisons partie intégrante, dans laquelle il nous faut vivre, nous mettra en rapport avec lui. La nature est cette parole que Dieu nous adresse Chaque jour et à chaque instant. Ce que nous attribuons au sort ou au hasard est la direction de sa main amie. Mais tous ces hommes ne peuvent ni sentir ni com- prendre cette étude de la nature. Ainsi M. de Maistre dit avec dédain : « Les savants ont les sciences naturelles pour « s'amuser, de quoi pourraient-ils se plaindre? » L'homme pleure, crie et se désespère parce que Dieu ne lui obéit pas. Il oublie alors que le malheur extérieur est un don de Dieu, aussi bien que le bonheur extérieur. Il accuse Dieu de l'injustice triomphante. N'est-ce pas l'accu- ser de ce que le tigre mange des agneaux? Mais ce tigre en réalité n'est pas plus féroce que l'agneau broutant des fleurs. L'homme, disons-nous, fait partie intégrante de la nature, mais pas tout entier. Il vit dans la nature mais il n'est qu'en partie soumis à ses lois. C'est sous ce rapport qu'il est entièrement distinct de tous les autres êtres, même des animaux avec lesquels il a le plus de ressemblance. Quoique Aristote ait dit: L'homme a tantôt plus et tantôt moins que la bête, on ne peut s'empêcher de reconnaître que l'animal n'a pas le sentiment du juste et de l'injuste, de la vertu et du péché. On lui accorde la reconnaissance, l'obéissance, l'amour, la fidélité etc. ; mais tout cela n'est chez lui qu'une affaire d'habitude. Avec ses besoins et ses passions, l'homme peut se ravaler jusqu'à l'animalité; mais aucun animal ne peut s'élever jusqu'à la dignité de l'esprit. L'homme peut s'abcutir, aucun animal ne peut s'humaniser (s'humanifier). L'homme ne reconnaît chez aucun animal, mais chez l'homme seul, la conscience du justo et de l'injuste ; par eon-