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DU XVIII e SIÈCLE. 91
1er may. Depuis Pâques il s'est établi, à la salle d'Arnaud, une petite
troupe d'enfants composée d'environ quarante tant garçons quejeunesfilîes
qui, sous la direction de Froissard notre maître de ballet installée sous le
titre d'Ambigu comique, donne trois fois Ja semaine. Us sont charmants,
font courir toute la ville, par l'ensemble, la précision qui règne dans leur
danse, la finesse, le tact, le bien joué avec lequel ils rendent leurs diffé-
rentes pièces, qui, très-jolies, n'ont d'autre inconvénient que d'être un peu
trop libres.
M. de Vergenncs, l'ambassadeur, est arrivé hier au soir, il loge chez
M. le Commandant.
M. Mercié, graveur, dernièrement a voulu essayer une direction de
ballons en présence de M. de Vergennes et de plusieurs amateurs do dis-
tinction. Le succès de la machine n'a pas été complet.
Les Anglois et étrangers abondent dans notre ville, mais ils ne se ré-
pandent point dans la société, se rassemblent entre eux et jouent des
jeux d'enfer au Pharaon,
16 may. Hier, dans l'après dinéc, il y eut grand et nouveau spectacle aux
Brotteaux, dans une plaine au delà de la Têtc-d'or. C'était une course de
chevaux. Forces gageures, do cinq cents louis, etc. Le tout fut exécuté par
des Anglois.
5 juin. Jeudi passé, sur les 5 heures, arriva dans un mauvais brelingo,
le comte d'Aga, autrement le roi de Suède. Personne ne le connoissoit,
on ne l'attendoit point, et sans l'indiscrétion d'un des sergents, on ne
l'auroit pas su de si tôt. Ce soir là il y avoit grand dîner à l'archevêché ;
on fut avertir tout de suite son ambassadeur, arrivé depuis deux jours de
Paris. Sa Majesté ayant pris un bain , fit sa toilette et se rendit à la
Comédie.
Les constructeurs du ballon, qui n'attendoient le roi que dans trois
jours, travaillèrent toute la nuit pour le lendemain. Il faisoit un temps
superbe , l'enceinte attenante aux pavillons de la maison Antonio étoit
garnie de dames. Les Brotteaux étoient remplis de monde, de voitures ,
de gens à cheval. Le Roi se fit attendre et n'arriva que sur cinq heures.
Au lieu qui lui étoit réservé il trouva l'Archevêque, sa nièce et d'autres
dames. On avoit eu la galanterie de donner à tous les travailleurs du
ballon , un mouchoir blanc , pour rappeler au Roi le signal qu'il avoit
lui-même désigné à ses partisans, lors de la Révolution. On avoit aussi
frappé des médailles à ses armes el à celles du roi de France. À ce sujet,
il a dit les plus jolies choses du monde ; l'aérostat s'est élevé avec toute
la majesté possible, aux acclamations du public; il est descendu sur une