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84                   LETTRES DE F.. OZANAM.

religion, brillante étoile, qu'il nous est donné de suivre ; devant
nous, le sillage glorieux des grands hommes de notre patrie et
de notre doctrine ; derrière nous, nos jeunes frères, compagnons
plus timides qui attendent l'exemple. Oui, le ciel ne nous a pas
vainement donné le même sang, le même cœur, la même pen-
sée, et presque le même âge ; ce n'est pas en vain qu'il nous a
saisis, l'un à Milan, l'autre à Thionville pour rapprocher notre
enfance ; ensemble nous avons commencé le chemin, ensemble
nous l'achèverons. Peut-être, un jour, nous sera-t-il donné .d'avoir
répandu sur nos pas quelques bienfaits et d'être salués hommes
de bien dans l'assemblée des sages,
                                           A.-F. OZANAM.

                                    Florence, ce 5 octobre 1853.

                    A M. E. FALCONNET.

       MON CHER ERNEST,

   J'arrive aujourd'hui même à Florence, après avoir parcouru la
moitié de l'Italie; Turin, Milan, Bologne, Laurette et la grande,
la belle Rome que je brûlais tant de voir et qui a si bien justifié
toutes mes espérances. Aujourd'hui, je profite d'une lettre de
 mon père pour y insérer quelques lignes qui te feront plaisir
plutôt par leur date que par ce qu'elles pourront renfermer. Car,
de quoi te parlerais-je, mon ami, ou plutôt de quoi ne te par-
lerais-je pas? Au milieu de tant de merveilles, laquelle dois-je
passer sous silence ? Le temps me presse et le papier manque à
mon envie de causer avec toi.
   Je ne veux donc que te dire quelques mots de cette grande
capitale du monde chrétien, de tout ce que j'ai vu, l'objet le plus
digne d'enthousiasme et d'amour. Figure-toi d'abord une avenue
de campagnes et de villes magnifiques qui s'ouvre aux pieds des
Alpes et qui, traversant cent cinquante lieues de pays, côtoyant
la mer Adriatique, retournant ensuite au milieu des défilés de
l'Apennin, vous conduit, d'enchantements en enchantements,
jusqu'à une journée des portes de Rome. Là, pas un arbre, pas