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66 NOTICE SUR LE TERRITOIRE chés du fait de la consommation usuelle du fer, ne permettent pas de rapporter à l'obscurité des temps mythologiques le cata- clysme qui aurait détourné le cours du fleuve, pour le rejeter le long des pentes de la Croix-Rousse. III. Il y a quelques années qu'un journal de Lyon publia un projet destiné à débarrasser notre ville du Rhône, età le transporter au loin, probablement au pied des balmes viennoises. Je ne pense pas que cette idée ait jamais été prise en moindre considération ; mais avec notre amour du progrès — et l'on appelle progrès tout ce qui est nouveau — on ne peut jurer de rien. Je suis persuadé que si le susdit projet était mis en avant, on verrait une in> mense quantité de niais qui l'acclameraient, et croiraient naïve- ment faire acte de progrès. Cela est d'autant plus à présumer qu'il s'agirait de faire une affaire, de bâtir des rues dans le vieux lit du Rhône, et de vendre des actions à ce nombreux troupeau de gens crédules, qui jusqu'à présent ont versé leurs capitaux dans des entreprises passablement extravagantes. Je ne suis pas ingénieur, et je m'expose à traiter des matières en dehors de ma compétence : je ferai cependant remarquer que, dans la mise à exécution du détournement du Rhône, en le pre- nant à Jonage et en le dirigeant au bas des balmes viennoises , le trajet serait abrégé d'une quantité que l'inspection d'une carte peut faire évaluer à un tiers. Or, les niveaux entre les points de départ et d'arrivée étant nécessairement les mêmes, aussi bien pour l'ancienne que pour la nouvelle voie, il s'en suit que la pente du fleuve serait augmentée d'un tiers , et que sa rapidité prendrait alors une force capable d'entraver toute navigation. En second lieu, le nouveau lit serait beaucoup plus élevé, puisque le sol de la plaine, au pied de la balme qui supporte la vieille église de Villeurbanne, est à II m. 50 c. au-dessus du Rhône au pont Morand. Il s'en suivrait que le terrain inférieur excessi- vement perméable serait continuellement imprégné d'une humi- dité pernicieuse pour la santé publique. Je sais bien que l'on