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ÉTUDES LITTÉRAIRES CONTEMPORAINES. 483 derniers et sur l'académicien Ballanche, encore un Lyonnais, que rouient les huit livres de ces souvenirs. Mme de Staël se rattache à Matthieu de Montmorency, son ami; le duc de Laval, léger, mais chevaleresque et fidèle, continua la figure de son cousin, après que celui-ci a disparu du monde; le prince Auguste, de Prusse, avec sa passion respectueuse et un attachement loyal, a pour mission d'attester, auprès de celle qui refuse sa main, la grandeur du sacrifice et-l'aus- têrité du devoir. Mme Lenormand a rendu ainsi un éclatant hommage à une tante qui fut constamment pour elle une mère tendre et dévouée (1). Jeanne-Françoise-Julie-Adélaïde Bernard, naquit à Lyon le 4 décembre 1777; son père était notaire dans cette ville : « c'était un homme d'un esprit peu étendu, d'un caractère doux et faible, et d'une figure extrêmement belle, régulière et noble. » Sa mère, Julie Malton, était une très-jolie blonde, très-futile, passionnée pour la toilette, très éprise de sa jolie figure, puis de celle de sa fille, el qui parlait encore chiffons et dentelles sur son lit de mort. Elle avait cependant l'esprit vif et entendu aux affaires, et Mme Récamier dut à son sage gouvernement une fortune qui résista deux fois aux déplorables entreprises de M. Récamier. Mais M. Ber- nard quitta bientôt Lyon pour venir s'installer à Paris où le ministre de Galonné lui avait donné une recette des finances (1784). Il laissa sa fille à Villefranche, chez une sœur de sa femme, Mme Blacheltes, et bientôt la jeune Julie fut placée en pension au couvent de la Déserte, à Lyon, où une autre (1) Nous ne pouvons nous empêcher de mentionner ici, quoique nous ne le connaissions pas, les regrets que nous cause ta mort presque subite de M. Ch. Lenormand, académicien savant et chrétien, enlevé au moment où sa femme acquérait un si grand litre dans l'esprit des amis de la litté- rature. On sait que Madame Lenormand est une demoiselle Cyvoct, de Réttey. (E. de B.)