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438 LA TOUR DE SAINT-DKNIS la nature, l'amour de la vertu et le mépris de la mort ; les fontaines sacrées qui sortaient du pied de nos montagnes ne reçurent plus la visite des malades : à l'extrémité de notre col- line, le monument élevé sous les grands chênes, à la déesse Isis, gardienne de la frontière, fut dédié à Minerve, déesse des oli- viers, et le rocher de Teutatès, sur les bords du Rhône, fut consacré à Saturne, le dieu qui dévore ses enfants. Nous arrivons aux temps historiques, et une lumière com- mence à luire à travers les ténèbres de l'antiquité. Si Tite-Live et Plutarque ne se sont pas trompés en nommant l'Arar, c'est dans le delta du Rhône et de la Saône, qu'Annibal fit reposer ses soldats, c'est à partir du confluent de ces deux rivières que les guerriers carthaginois, cessant de remonter vers le nord, tournèrent vers l'orient en suivant la rive droite du Rhône, pour éviter les passages gardés par leurs ennemis, et c'est au pied de notre colline, à travers les rues de notre humble village, que le héros africain passa, plein de haine contre Rome et condui- sant ses troupes à la conquête de l'Italie, par la Tarentaise, le petit Saint-Bernard et Turin. La découverte d'os d'éléphant sur les bords de la rivière d'Ain peut appuyer cette conjecture. D'ailleurs, si les habitants de la Province et de l'Allobrogie acceptaient le joug des Romains, c'était une raison pour qu'Annibal trouvât dans les Ambarres des amis et des alliés. Nous n'osons, sur la foi de quelques historiens , rendre notre riante colline spectatrice d'une des plus grandes défaites que Rome ait jamais eu à subir. Suivant des crudits, cependant, ce fut dans notre plaine que les consuls Mallius et Cépion, appuyés sur l'Ain et sur l'Albarine, essayèrent d'arrêter les Cimbres, les Ambrons et les Teutons, dont l'armée était rangée le long des montagnes. Ils indiquent la principale position des Ambrones à Ainbronay , montrent les Romains dispersés s'enfuyant vers notre village et cherchant à gagner l'Allobrogie en traversant le Rhône, près de Lagnieu ; il font voir l'endroit où le consul Cépion perdit son bouclier, et où le jeune Sertorius, entraîné par la déroute, passa le fleuve tout armé, avec sa cuirasse et