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                     PETITE CHRONIQUE LYONNAISE.                           305
restreint de la localité, bien entendu), de tirer de l'oubli quelques anciennes
renommées, justement ou injustement oubliées ; et qui sait ce que devien-
dront les renommées d'aujourd'hui et si, dans un siècle, elles n'auront pas
besoin d'un abbé Pernctti ? et puis il fut chez nous, plus qu'ailleurs, de ces
gens modestes qui resteront obscurs par un excès de timidité ou de mé-
fiance de leur propre valeur. Une fois morts il n'y a plus à respecter le demi-
jour qui les abritait, ils appartiennent à leur patrie qui a le droit de donner
à leur nom l'éclat qu'il aurait mérité. Tel fut, pour n'en citer qu'un seul, tel
fut le savant M. de Nolhac, homme plein de toutes les vertus chrétiennes,
qui semblait avoir pris pour devise les belles sentences de l'Imitation :
Ama nesciri et dont les trops rares écrits révèlent des trésors d'érudition,
des trésors de sentiments «obles et élevés. Jules Janin, dont la valeur
 littéraire est incontestable et flatte à coup sûr notre amour propre, n'a pas
besoin qu'on vienne appeler l'attention sur lui, il se charge "lui-même de
cette besogne. Voilà pourquoi les auteurs des Lyonnais dignes de mémoire
n'en ont rien dit encore; et l'article du mois d'octobre est pour lui un
hommage plutôt qu'un appel inutile au public.
   Encore une raison, et ici il ne s'agit que d'une affaire de goût et de senti-
ment qu'on ne peut ni discuter, ni détruire, ni imposer, chacun tourne du
côté de ses sympathies. Pourquoi? il est superflu de s'en enquérir. Les uns
aiment la moutarde, les autres préfèrent le sucre, tel se plaît dans le passé,
tel autre dans le présent, un troisième ne rêve que de l'avenir, je ne vois,
pour ma part, aucun mal à ces différentes inclinations, et il me semble
aussi naturel à l'auteur de l'article Janin d'exalter les contemporains qu'à
Messieurs Bréghot et Péricaud d'avoir vécu avec leurs devanciers. Pour moi5
j'avoue que, sans blâmer le penchant pour les modernes, je m'attache de
préférence aux recherches du passé ; de même que pour cheminer dans Sa
ville, je préfère la rue de l'Enfant qui pisse, avec ses pittoresques enseignes
de droguistes, la rue Mercière et ses libraires, la montée de Tire-cul, toute
empreinte des Bullioud et des Croppet, la rue Ecorche-bœuf, dont le nom
rappelle la célèbre fête des merveilles, aux brillantes et nouvelles voies qui
m'éblouissent par leur clarté mais ne réveillent aucun souvenir, et voilà
pourquoi je reprends mon journal et mes petites anecdotes d'autrefois.

                                 Le Compilateur, Morel deVoii'.aE.


                                     1768
  15 décembre. On prétend que l'Archevêque se dispose à donner bientôt
un nouveau missel ; il est tout fait et est actuellemen soumis à l'examen de
                                                                20