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A MON MARI. Respirant à pleins bords l'air libre et virginal Qui rend les cœurs plus grands, les esprits plus robustes, Il soutenait mes pas sur les pentes augustes Et les sentiers déserts de l'austère idéal. Ma mère nous suivait ; et tandis que mon père Me disant les soleils et les secrets des cieux, Habituait mon œil à sonder la lumière, Aigle emportant l'aiglon dans l'élher radieux, Ma mère me tenait des discours plus modestes, Et me faisait aimer l'aiguille et le fuseau, L'humble paix du foyer, les dévoûraents célestes, La prière et l'amour parfums de mon berceau. Et nous montions toujours .. , des zones inconnues Se déroulaient sans fin sur nos fronts voyageurs ; Et, plus nos pas ardents se rapprochaient des nues, Plus le rude granit hérissait les hauteurs. Vers la cime d'un pic escarpé, solitaire, Dans des flots de rayons s'arrêta notre essor Sur d'immenses plateaux, larges vagues de pierre, Où le mica brillant jette ses lames d'or. C'était le ciel lointain de l'héroïsme antique : Nous parlâmes patrie avec Léonidas, De l'âme avec Platon près de Caton d'Utique, De gloire et de vertu près d'Épaminondas. Mais souvent un bel ange à l'aile diaprée Portait ma mère et moi dans un nuage bleu Et bien plus haut encor traversant l'Empyrée, Nous faisait visiter les oasis de Dieu. Champs de fleurs infinis ressemblant à la terre, Ainsi qu'au ver luisant ressemble le soleil, Ou comme au fdet d'eau qui s'écoule éphémère Ressemble l'Atlantique au roulis éternel.