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BEAUX-ARTS. 239 Nous arrivons à une brandie de renseignement qui soutient bien sa ré- putation et celle de son professeur. Des dessins lithographiques savamment compris et rendus avec une entente profonde de la nuance, des tonnes, une planche sur cuivre, d'après le modèle vivant, voilà ce que présentait l'école de lithographie et de gravure. À force de se montrer pointilleuse et exacte en procédés, elle tombe pourtant dans une sorte de sécheresse élégante qui demande des esprits attentifs et un peu dociles pour se faire admirer. Il est vrai qu'arrivés à Paris ou à Rome les élèves supérieurs de l'école secouent bientôt les langes delà méthode, lorsqu'ils sont trop étroits ou d'un usage trop vieux. Ils vont ensuite loin et plusieurs montent très-haut. Les faveurs du public ont été pour la composition de l'ornement. C'est un cours nouveau-venu et animé de la ferveur de tout début ; il tenait donc à faire merveille. Aussi programmes et procédés, recherches de documents et recherches d'exécution, études et rendu, n'a-t-il rien négligé pour flatter et séduire. De fait, il y avait là , entre autres cadres, une chaire à prêcher, une bibliothèque, un divan et principalement un surtout de table, large- ment et finement exécutés, qui paraissaient bien jeunes de vigueur et d'imagination A côté des vieux principes hachés d'après la Minerve ou l'Ajax. La théorie touchait enfin à la pratique, à une pratique encore écolière, si vous voulez, mais qui montrait çà et là d'excellentes idées, habilement rendues. La sobriété, chassée par l'entrain, se faisait regretter en plusieurs endroits. Cependant nous avons vu, il y a un instant, qu'il est plus facile d'ôter que de mettre. La rocaille si fort en vogue aujourd'hui et qui comprend, par extension forcée, le Louis XIV, le Louis XV, le Louis XVI, la rocaille un peu frottée de renaissance absorbait ce concours, il fallait y compter, usant, abusant même de la mode qui la gâte aujourd'hui. Attendons, avant de nous laisser gagner par l'engouement du public pour cette création nouvelle et ses œuvres, une suite de concours qui justifie pleinement de l'intelligence et de l'étude des sources pures, et montre avec quelle sagacité les autres styles seront compris et appliqués. De ces conditions essentielles, indis- pensables même, dépend l'avenir de l'art à Lyon, de l'art proprement dit, en prenant à la lettre son acception générale, et de l'art industriel. C'est l'unique moyen d'empêcher ce dernier d'émigrer, ou d'aller loin de Lyon demander, à des artistes qui se font chèrement payer leur concours sou- vent incomplet, les puissants éléments de fécondité que réclame l'activité prodigieuse et incessante de son génie particulier. Th. MAYERY. M. LE CURÉ D'ARS. Le 4 août, à 2 heures du matin , s'éteignait, dans un petit village de la Dombes , un pauvre prêtre que ne distinguaient ni une vaste éloquence ni un profond savoir, et dont la mort cependant a ému toute la chrétienté. Le curé d'Ars , sans patrimoine et sans richesse , avait, dans sa vie, distribué aux malheureux des sommes immenses ; humble et simple comme un enfant, il avait conseillé et dirigé les plus grands et les plus puissants ; ignorant des premiers principes de l'art oratoire, il avait attiré les populations aux pieds de sa chaire. Un miracle que, pendant vingt ans, il a renouvelé tous les jours, a été de fournir de pèlerins plusieurs services de diligences qui al- laient continuellement des villes voisines à ce hameau, et d'avoir obligé, sans le savoir, la Compagnie du chemin de fer de Paris à Marseille, d'établir une station, et une des plus fréquentées, dans l'endroit le plus rapproché de son parcours, et c'a été un spectacle aussi prodigieux que tout le reste, de voir un évoque, trois cents prêtres et six mille pèlerins faire des funérailles égales à celles d'un prince de l'Église à celui qui ne se croyait pas capable de conduire une paroisse de 400 âmes, A. V.,