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             ÉLOGE DO DOCTEUR A51ÈDÉE BONNET.              489

passion véritable, à tort condamnée par ceux qui ne savent
pas y voir le signe d'une activité puissante , il échappait au
découragement et son ardeur, sans cesse renaissante, le
poussait à de nouvelles entreprises.
    Toutefois cette ardeur l'emporta rarement hors du
champ des sciences médicales. La tendance révélée par
ses écrits littéraires fait voir que sur le terrain de la philo-
sophie dont il approfondit peu les doctrines, ses méditations
ne relevèrent jamais au-dessus des principes sanctionnés
par l'opinion générale. Il resta étranger au mouvement
économique de notre époque et aux idées nouvelles qui
mûries par l'étude et l'expérience doivent conquérir leur
place dans l'avenir. Il fut, dans toutes ces choses, l'homme
des traditions. En chirurgie, au contraire, il se montra ré-
formateur, novateur, je dirais presque révolutionnaire.
Singulier contraste que nous présente souvent l'esprit hu-
main et que l'on aurait tort d'imputer a la nature comme une
contradiction de ses lois.
   Je m'arrête, Messieurs, et pourtant que de choses j'aurais
encore à dire ! A peine ai-je esquissé les facultés de l'esprit
et j'ai laissé dans l'ombre les qualités du cœur. Je n'ai rien
dit de notre collègue qui pût vous donner la mesure de ses
passions affectives et de ses aspirations vers la perfection
morale. Mais qui de vous ne remplira cette lacune avec ses*
souvenirs? Ne l'avez-vous pas tous connu bon et humain,
désintéressé et généreux, constant dans ses amitiés, attaché
à ses disciples; en tout, droit et loyal, noble dans ses am-
bitions, exempt d'orgueil dans ses triomphes? 11 eut toutes
les vertus que donnent l'amour du bien et le sentiment du
devoir. Enfin il fut grand par cette volonté héroïque qui seule
peut donner à l'homme l'énergie nécessaire pour arriver au
perfectionnement de soi-même.