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SUR LES ÉGLISES DE LYON. 123 Les deux absidioles latérales sont carrées. L'appareil de cette partie de l'église-, semblable à celui des premières assises du reste de l'édifice, est d'une grande beauté ; il se compose de blocs énormes parfaitement ajustés , pro- venant d'édifices romains ; les pierres ont pris une teinte très-foncée, sauf quelques parties qui, restées d'un blanc vif, se détachent sur le fond sombre de la construction et lui donnent un aspect étrange. La décoration intérieure n'est pas moins remarquable : les arcades cintrées du triforiitm reposent sur des pilastres ornementés avec toute la fantaisie romane ; sur les nus du mur se dessinent des arcatures aveugles, dont l'amortisse- ment trilobé est largement épanoui, des pilastres cannelés à chapiteaux finement sculptés ou simplement gravés et deux frises d'incrustations en mastic rouge sur fond de marbre blanc, dont le style riche et bizarre me paraît emprunté, ainsi que celui de certains chapiteaux des pilastres, aux dessins des étoffes orientales. Ces frises sont un ornement parti- culier au pays; je n'en connais qu'un autre exemple, un peu plus moderne, dans le chœur de la cathédrale de Vienne. Les bras de la croisée offrent encore le mélange des formes ogivales et cintrées, mais déjà leurs parois occidentales chan- gent de style ; la nef est complètement ogivale. Si, comme je viens d'essayer de vous le démontrer, les parties orientales de Saint-Jean sont empreintes de caractères bien marqués d'école provinciale, il n'en est pas de même de la nef élevée au XIIIe siècle. A cette époque, l'architecture était a peu près la même partout. Je dois dire, cependant, que l'extérieur de Saint-Jean est bien moins beau que celui des cathédrales du centre et du nord de la France. Les arcs- boutants, qui contribuent ordinairement à l'élégance des grandes églises de style ogival, sont ici .lourds et maladroi- tement agencés, surtout au nord.