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102 RAPPORT DE M. J. M0R1N.
Chacun des mémoires que nous avons lus contient l'indi-
cation d'une série de voies et moyens contre le mal social
qu'il s'agit de guérir. Quelques-unes de ces voies sont bonnes,
praticables et conformes au programme de votre concours ;
elles constituent le mérite de ces travaux pour lesquels votre
Commission vous propose des marques d'encouragement et
d'approbation. D'autres ne nous ont pas semblé admissibles
au point de vue de la justice, malgré la parfaite bonne foi
qui les a 'dictées, ou bien elles sont contraires aux lumières
que nous donne la science économique, et, par cela même,
impraticables. Par exemple, ici, on se récrie au sujet de la
concurrence que fait aux ouvriers de profession le travail
des personnes du monde, comme si le travail n'appartenait
pas à quiconque veut y recourir. L'aiguillon de lapauvreté
n'est pas seulement dans la classe qui travaille par métier,
il se fait bien plus douloureusement sentir dans les ménages
où l'on dissimule cette souffrance, et si la femme ou la fille
entreprend dans ces ménages gênés d'ajouter un léger sup-
plément, par des travaux de broderïe, au budget trop res-
treint du père ou du mari, quelle justice y aurait-il a lui
interdire cette ressource ? Les travaux des prisonniers sont
d'ordre moral ; seulement, il dépend de l'Administration de
les réglementer de façon à ce qu'ils ne fassent pas baisser la
rémunération des travaux libres. Quant a ceux des maisons
religieuses et des providences de jeunes filles , s'ils sont
confectionnés a des conditions qui réduisent la quantité et
le prix des travaux similaires, c'est parce que la vie com-
mune est aussi la vie à bon marché, et que, non seulement
la jeune fille de la providence ne coûte rien à la commu-
nauté pour apprentissage, logement, nourriture et vête-
ments, mais encore lui rapporte un bénéfice. Eh bien! la
vie commune , et par cela même à bon marché , n'est pas
l'appendice exclusif de la vie cloîtrée. Elle peut aussi