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68 DE LA DlGiMTfc HUM AIME. toujours plus ou moins digne, car il a le sentiment de la supériorité humaine et considère comme an avilissement la brutalité des penchants. Le simple artisan peut avoir le sentiment de la dignité autant que le plus élevé dans l'ordre social, et comme le travail honore l'homme et lui donne beaucoup de mérite aux yeux de Dieu, il n'y aurait rien de plus digne que les ouvriers, si, dans de meilleures conditions d'existence et de moralité, ils étaient plus pénétrés qu'ils ne le sont générale- ment de leurs devoirs, et qu'ils missent mieux à profil les éléments de bonheur que Dieu a semés au milieu d'eux comme au milieu de tous les hommes et dont le principal est la famille, le foyer domestique. Mais là où la dignité est surtout très-importante, c'est dans les personnes d'un rang élevé ou qui sont appelées, par le earactère dont elles sont revêtues, à agir sur la multitude. Les magistrats, les prêtres et en général les gens instruits, ne sauraient trop se montrer dignes et respectables pour donner à leurs fonctions, à leur autorité, à leur savoir toute la puissance morale possible. Le magistrat qui manque de dignité dégrade la justice ; le prêtre qui manque de dignité offense la religion ; le médecin et l'avocat qui manquent de dignité déshonorent leur profession ; l'homme instruit qui manque de dignité nuit à l'instruction ; enfin le riche qui manque de dignité excite le mépris. Dans toutes les positions, pour être digne, il faut sentir la dignité autant dans soi que dans les autres ; et pour bien sentir la dignité, il faut s'élever au-dessus de la vie maté- rielle, écouler les nobles inspirations, les sentiments élevés, vivre plus avec Dieu qu'avec le monde et puiser sa force et son courage dans les maximes chrétiennes. Dès que l'homme s'élève de la vie de ses sens à la vie de son âme, il prend de la dignité.