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DE L'ACADÉMIE DE LYON. 317 parmi nos collègues car toutes les gloires scientifiques de la cité nous appartiennent ou doivent nous appartenir. Le cœur est oppressé à la seule pensée de ces illustres funérailles, accumulées dans l'espace de quelques mois. Trois vies si précieuses interrompues fatalement presque au milieu de la durée d'une vie ordinaire ! Un grand orateur disait il y a peu de jours, au bord d'une de ces tombes : « Qui sait a quel prix Dieu fait acheter les faveurs delà science et la rançon de l'humanité soulagée?» Rien cependant ne s'explique mieux. Ce n'est pas impunément que l'on se voue au soulagement des souffrances humaines. Je ne parle pas du long et péni- ble noviciat, toujours jalonné par de nombreuses victimes, qui précède cette espèce d'apostolat, mais que l'on se per- suade bien que la vue de chaque douleur, les plaintes de l'agonie retentissent au fond du cœur et y creusent une impression qui, sans cesse renouvelée, use l'organisme et prédispose auxplus cruelles, aux plus irrémédiables maladies. Joignez à cela que les hommes les plus dévoués a l'huma- nité sont aussi les plus dévoués à la science ; ils ajoutent aux fatigues du jour le travail de la nuit; sans repos, sans relâche ils dépensent les jours, ils prodiguent leur vie comme s'ils puisaient dans l'éternité. Mais les organes s'épuisent dans ces tortures morales, dans ces travaux incessants et l'homme succombe, souvent avant d'avoir donné tout ce que promettait sa riche nature. Il en sera toujours ainsi, rien n'arrête de pareils dévoue- ments, on tient a vivre dans cette atmosphère mortelle jusqu'à ce qu'elle vous ait dévoré ; on est soutenu par le bonheur d'avoir rempli un devoir sacré et obéi a la loi du travail imposée providentiellement à l'homme, ainsi que l'a si bien exposé le Dr Bonnet. Pour lui, du moins, la reconnaissance publique ne s'est